En termes de sécurité urbaine, la cohabitation entre piétons, voitures et cyclistes est devenue un vrai point de tension. Entre les vélos, les trottinettes électriques, les joggeurs et les passants, le passage pour piétons a été pris d’assaut par ceux qui cherchent à éviter les automobiles et la situation génère de plus en plus d’incompréhensions, de conflits et même d’accidents. Un cycliste doit-il descendre de son vélo pour traverser un passage piéton ? En réponse à cette question, la plupart des piétons dirait que oui, le passage piéton, comme son nom l’indique, est exclusif aux piétons. Malheureusement pour eux, ce n’est pas le cas. En effet, rien dans le Code de la Route ne stipule qu’il est interdit aux cyclistes de traverser un passage piéton sans descendre du vélo. Néanmoins, les cyclistes sont tenus de traverser à une allure similaire à celle des piétons, tout en leur accordant la priorité de passage. En cas d’accident, un cycliste peut être tenu responsable juridiquement s’il n’a pas respecté la priorité du piéton. Malgré l’absence de règle officielle, il reste important de faire la distinction entre un cycliste à vélo et un cycliste qui choisit de descendre du vélo pour traverser. En effet, à partir du moment où un cycliste descend de son vélo pour traverser un passage piéton, il est alors assimilé à un piéton, ce qui lui permet de bénéficier du même traitement en termes de priorité. Et les trottoirs dans tout ça ? De façon générale, les cyclistes ne sont pas autorisés à circuler sur les trottoirs. L’exception concerne les enfants âgés de moins de 8 ans. Ceux-ci doivent rouler à une allure raisonnable pour ne pas gêner les piétons. Un cycliste peut aussi emprunter un trottoir s’il décide de descendre de son vélo. Dans ce cas, il est tenu d’observer les règles imposées aux piétons. Lorsqu’une piste cyclable est présente, il peut être obligatoire de l’emprunter. Cette obligation peut varier en fonction des municipalités, mais, pour des raisons de sécurité, il reste recommandé à tous les cyclistes d’utiliser la piste dédiée. En l’absence de piste ou bande cyclable, les vélos doivent circuler sur le côté droit de la chaussée. Ils peuvent aussi circuler dans les zones de rencontre et les zones piétonnes, à condition de respecter la priorité des piétons et de rouler à l’allure du pas. La cohabitation reste difficile En théorie, les règles mentionnées plus haut permettent une bonne cohabitation entre les usagers de la route dans les agglomérations. Dans la pratique, les relations restent tendues, tant le vélo a connu un essor considérable ces dernières années. Les chiffres parlent d’eux-mêmes : depuis la pandémie, la pratique du vélo a augmenté à la fois en ville et en campagne, en partie parce que les citadins ont souhaité sortir des transports en commun pour éviter le virus, mais aussi pour des raisons environnementales, le vélo électrique étant de plus en plus à la mode. Entre 2019 et 2023, les passages de vélos ont augmenté de 37 % au niveau national. C’est l’usage urbain qui a explosé, avec une augmentation de 40% des passages, contre “seulement” 26 % en milieu rural. Malheureusement, le revers de la médaille, c’est que plus il y a de vélos, plus il y a d’accidents. Et les chiffres font froid dans le dos : entre 2019 et 2023, le nombre de cyclistes tués sur les routes a bondi de 38 %. En 2022, on déplorait 245 décès de cyclistes, contre 187 en 2019 et 147 en 2010. Si on ajoute les 35 morts en trottinette électrique, ça fait une hausse de 90 % en 12 ans ! Le plus inquiétant, c’est que le vélo devient un mode de transport plus dangereux que la voiture ou la marche, proportionnellement au temps passé sur la route. Les cyclistes représentent 3 % du temps de circulation, mais 7 % des tués. Heureusement, il reste toujours moins risqué que les deux-roues motorisés. Alors, faut-il pour autant ranger son vélo au placard ? Pas du tout ! Mais ces chiffres nous rappellent l’importance de rester vigilant sur la route, que l’on soit à vélo ou au volant. Et surtout, ils soulignent l’urgence d’adapter nos villes et nos routes à cette nouvelle réalité cycliste. Car si le vélo est l’avenir de nos déplacements, encore faut-il qu’il soit sûr pour tout le monde !