Condamnation de Marine Le Pen : Peut-on être candidat à la présidentielle si on a un casier judiciaire ?
Elle n’a pas renoncé. Condamnée lundi par le tribunal correctionnel de Paris pour détournement de fonds publics, Marine Le Pen pourra-t-elle être candidate à l’élection présidentielle de 2027 ? A l’instant T, la réponse est non. Reconnue coupable et condamnée à une peine de quatre ans de prison (dont deux avec sursis), la cheffe de file du Rassemblement national a écopé d’une peine d’inéligibilité de cinq ans. Une sanction « avec exécution provisoire », c’est-à-dire qu’elle prend effet immédiatement. Le motif : le « risque de récidive » selon la juge Bénédicte de Perthuis, qui estime que les mis en cause « n’ont exprimé aucune prise de conscience de leur violation de la loi et de l’importance de la probité ». Le seul espoir de Marine Le Pen réside dans le procès en appel qui pourrait se tenir d’ici une année environ. Si la condamnation était confirmée, Marine Le Pen pourrait toujours espérer se présenter en 2027, à condition qu’elle ne soit pas inéligible. Non, le casier ne doit pas être vierge Car en France, rien n’empêche une personne condamnée par la justice de se présenter à l’élection présidentielle. Seule une peine d’inéligibilité peut vous en empêcher. Cette peine est régulièrement prononcée par les tribunaux, y compris pour des personnes qui n’ont jamais été élues, notamment lorsque les faits sont graves. Pour être candidat à un scrutin présidentiel, une personne doit : - avoir la nationalité française - avoir au moins 18 ans - être inscrite sur une liste électorale - posséder un compte bancaire de campagne - avoir établi une déclaration de patrimoine - ne pas être placée sous tutelle ou curatelle - recueillir 500 signatures de parlementaires et élus locaux Il est également interdit à un président sortant de solliciter un troisième mandat consécutif. C’est pour cela qu’Emmanuel Macron ne pourra pas se présenter en 2027. Les affaires de Zemmour ou de Fillon… Par le passé, il est déjà arrivé qu’un candidat se présente avec un casier judiciaire. C’était le cas d’Éric Zemmour en 2022. Le candidat d’extrême droite avait été autorisé à se présenter malgré plusieurs condamnations notamment pour incitation à la haine raciale. Il avait obtenu 7 % des voix. En 2017, François Fillon avait également pu se présenter à l’élection présidentielle malgré les accusations d’emploi fictif à l’encontre de sa femme Penelope Fillon. Il sera éliminé au premier tour. La Cour de cassation a définitivement confirmé l’an dernier la culpabilité de François Fillon dans cette affaire. En 2022, Eric Zemmour avait pu se présenter à l'élection présidentielle française malgré ses condamnations judiciaires. - Alain Robert/Sipa Dans un petit sondage réalisé auprès de 2.500 internautes (sans aucune méthode de quota, précisons-le), Ouest-France a récolté 94 % de « oui » à sa question : « Faut-il exiger un casier judiciaire vierge pour les candidats aux élections ? » La proposition de loi a plusieurs fois été portée et parfois même été adoptée par l’Assemblée nationale. Mais elle n’a pas pu franchir l’épreuve du Sénat. En 2023, le sénateur de l’Hérault Henri Cabanel (divers gauche) avait porté un texte en ce sens, avec l’espoir de « retisser un lien de confiance » entre la population et les élus. En vain. Quand Bardella demandait un casier vierge Plusieurs secteurs exigent pourtant des casiers judiciaires vierges ou a minima sans peine en lien avec l’activité professionnelle souhaitée. C’est le cas dans la police et la gendarmerie, la justice, pour les personnes travaillant avec des enfants ou des personnes âgées mais aussi pour certains métiers de la santé comme les médecins ou les pharmaciens. En novembre, Jordan Bardella, président du Rassemblement national avait d’ailleurs déclaré qu’il était favorable à cette interdiction de candidature en cas de condamnation. « Ne pas avoir de condamnation à son casier judiciaire est pour moi une règle numéro un lorsqu’on souhaite être parlementaire de la République », avait-il déclaré sur BFM TV.