Égypte antique: comment une éclipse solaire totale a fait vaciller un empire

Temps de lecture: 2 minutes - Repéré sur Daily Galaxy En Égypte antique, le soleil n'était pas seulement un corps céleste, il incarnait l'ordre divin. On le retrouvait notamment en Râ, dieu créateur qui parcourait le ciel dans sa barque solaire, et en Horus, le dieu de la royauté et du ciel. Tous deux jouaient un rôle central à la fois dans le façonnement de la cosmologie et dans l'autorité royale égyptienne. Pourtant, même si ces dieux représentaient à la fois la force vitale et le pouvoir inébranlable de la royauté divine, un événement datant de 2471 av. J.-C. est venu complètement chambouler ces traditions anciennes. Sous le règne du pharaon Chepseskaf, une éclipse solaire totale a provoqué une obscurité diurne sur toute l'Égypte. Cet évènement n'était pas anodin, mais le symbole, selon les Égyptiens, d'un message divin ou d'un avertissement inquiétant, relate le site Daily Galaxy. Abonnez-vous gratuitement à la newsletter de Slate ! Les articles sont sélectionnés pour vous, en fonction de vos centres d’intérêt, tous les jours dans votre boîte mail. Valider Après l'éclipse, le dernier pharaon de la IVe dynastie a alors rompu radicalement avec ces traditions. Enlevant le suffixe «Râ» de son titre royal, ce qui marque une rupture sans précédent, il décide aussi d'abandonner la construction des pyramides. Ces tombeaux étaient pourtant fortement associés aux pharaons (ces derniers étant perçus comme la manifestation de Râ sur Terre) et soigneusement alignés sur les événements célestes et le symbolisme solaire. Ainsi, le pharaon Chepseskaf fut enterré dans une tombe connue aujourd'hui sous le nom de Mastaba el-Faraoun et située, non pas à Gizeh, ni alignée avec Héliopolis, l'épicentre religieux du culte solaire, mais loin au nord. Sa tombe se trouve près de Bouto, un important centre religieux traditionnellement associé à la Basse-Égypte et à des divinités comme la déesse Ouadjet. Le mystère enfin levé Pour nombre de chercheurs, ce changement notable dans les traditions était pourtant resté un mystère. De nouvelles analyses astronomiques ont finalement permis de lever le voile sur les raisons de ce chamboulement religieux. Giulio Magli, archéoastronome à l'École polytechnique de Milan, a utilisé des calculs modernes pour retracer les trajectoires d'anciennes éclipses solaires. Il a ainsi découvert que l'éclipse de 2471 av. J.-C. aurait provoqué une obscurité diurne sur toute l'Égypte particulièrement impressionnante. Les textes de l'Égypte antique n'offrent pourtant que de vagues allusions à ce type de phénomènes. La stèle de Houy, par exemple, parle d'«obscurité pendant le jour». Les pratiques religieuses ne sont pas restées figées à la suite de cette éclipse. La Ve dynastie égyptienne a vu s'opérer un renouveau dans l'adoration solaire. Les pharaons ont alors repris la construction de pyramides et ont également érigé des Temples du Soleil distincts, dédiés spécifiquement aux divinités solaires. Bien que plus modestes que leurs homologues de la IVe dynastie, ces structures ont néanmoins marqué un retour au culte du soleil. Près d'un millénaire plus tard, une autre éclipse totale a balayé l'Égypte sous le règne d'Akhenaton en 1338 av. J.-C. Ce pharaon est connu pour avoir promu Aton, le disque solaire, et a largement adopté les symboles de notre étoile, et ce, malgré une expérience similaire à celle vécue par Chepseskaf.