“Awful April” : au Royaume-Uni, le coût de la vie a bondi “du jour au lendemain”

Le coût de la vie a augmenté pour “quasiment tous les ménages” du Royaume-Uni ce mardi 1ᵉʳ avril. Pour ne rien arranger, le pays devrait finalement bien être concerné par la hausse des droits de douane américains, dont l’entrée en vigueur est prévue le 2 avril. Le poète anglais d’origine américaine T. S. Eliot “redoutait le mois d’avril, tant il lui rappelait la fragilité récurrente de la condition humaine”, relève le quotidien The Times dans son éditorial du jour. Les Britanniques, eux, ont d’autres raisons de craindre l’amorce du printemps : “Leurs factures ont poussé comme des lilas” dans la nuit du 31 mars au 1er avril, métaphorise le journal londonien. “Du jour au lendemain, le coût de la vie a bondi”, explicite The Spectator. Rien d’un poisson d’avril. En ce “mardi terrible”, tout ou presque a augmenté : l’énergie, l’eau, les abonnements mobiles et Internet, les impôts locaux ou encore la taxe annuelle sur les véhicules. “Il faut bien que quelqu’un paie le salaire” des patrons de sociétés de traitement des eaux usées, régulièrement épinglées pour leur pollution des rivières britanniques, grince The Times. “Après ce déluge brun* [sic] doit intervenir, le 2 avril, la hausse des droits de douane décidée par Donald Trump et qui se répercutera jusqu’au Royaume-Uni.” Le pays pensait un temps pouvoir y échapper en raison d’une balance commerciale quasiment à l’équilibre avec les États-Unis. Mais finalement, l’industrie britannique – automobile et fabricants d’équipements de construction en tête – devrait bien y être soumise. “Les négociations se poursuivent entre Londres et Washington, mais l’espoir d’un accord de dernière minute s’amenuise”, glisse The Spectator. Dans l’immédiat, “quasiment tous les foyers du pays sont concernés par au moins une des hausses de facture du jour”, déplore The Daily Telegraph. “Le bond terrible dans les dépenses des ménages va sans aucun doute plonger les plus pauvres dans une précarité encore plus grande, s’indigne The Guardian. Il s’agit d’un casse-tête supplémentaire pour les ministres du gouvernement travailliste, ébranlés par l’annonce la semaine dernière de mesures” marquant un retour à l’austérité pour une partie de leurs propres troupes. Pour les employeurs, l’“affreux mois d’avril” (Awful April), comme l’appelle la presse britannique, se poursuit le 6 avril, avec le début de la nouvelle année fiscale. Ce jour-là, les contributions sociales patronales augmenteront de 1,5 point – de quoi rapporter 25 milliards de livres supplémentaires au Trésor public. “Mais selon les estimations fournies par l’Office for Budget Responsability [l’agence chargée de fournir des prévisions économiques à l’exécutif], 60 % du coût supplémentaire pourrait être répercuté par les entreprises sur les travailleurs à travers des gels de salaires ou au moyen de prix plus élevés”, prévient The Daily Telegraph. À l’approche des élections locales du 1er mai, l’opposition conservatrice tente d’exploiter à plein “l’idée selon laquelle les travaillistes s’en prennent au niveau de vie des Britanniques”, souligne le Financial Times. L’exécutif, de son côté, “se défend d’être responsable de toutes les hausses de factures”. Au contraire, note le quotidien économique, “le Labour assure que le 1er avril sera vu comme une bonne journée pour de nombreuses familles, en raison de la hausse prévue à cette date du salaire minimum à 12,21 livres par heure, soit 1 400 livres [environ 1 670 euros] de plus par an pour un travailleur à temps plein”. * en français dans le texte Courrier international En Angleterre, le fléau des eaux usées rejetées en mer : “On baigne dans la crotte” Birmingham en faillite, “combien d’autres collectivités vont suivre” ? Le dernier salon où l’on cause au Royaume-Uni ? Le supermarché Avec son ETA, le Royaume-Uni “essaie-t-il de chasser les touri