L’histoire n’est pas banale. À la barre du tribunal, ce mercredi 30 avril, un homme de petite taille, sans grande envergure. Il semble embarrassé d’être là. Pour comprendre, il faut faire un petit saut dans le temps, le 18 septembre 2023 précisément. Ce jour-là, notre homme, en état de récidive légale, est condamné à une peine de 18 mois de prison dont huit mois ferme pour escroquerie. Une peine aménagée sous bracelet électronique. Pourquoi une telle sanction ? Il avait signé plusieurs faux chèques. Montant du préjudice : environ 27 000 €. Dans le jugement rendu, il l’avait l’obligation d’indemniser ses victimes, parmi lesquelles un garagiste (pour plus de 4 000 €). Il va être suivi par un juge d’application des peines qui, le 9 avril dernier, va dénoncer une nouvelle tentative d’escroquerie. En effet, le quinquagénaire vient de lui livrer des preuves qui attestent qu’il vire bien des sommes à ses victimes. Il s’agit de relevés bancaires. Problème : ils ont été falsifiés. Grossièrement d’ailleurs, à l’aide d’une paire de ciseaux, d’un peu de colle et d’une photocopieuse. La banque confirmera rapidement les soupçons. « J’ai fait quelque chose de débile, je le regrette, j’ai de gros problèmes financiers, de lourdes dépenses avec des enfants à charge et un loyer », a expliqué, ce mercredi 30 avril, en comparution immédiate, ce Lanestérien de 59 ans. « Vous pensiez vraiment que le juge n’allait pas vérifier les virements ? », a demandé la présidente, Amélie Kamennoff. « J’ai agi dans la panique, j’étais perdu, je voulais gagner du temps », confie le prévenu dont les dettes atteignent 35 000 € (crédits à la consommation). « Indemniser les victimes, cela n’a jamais été votre priorité » « Avez-vous commencé à indemniser les victimes ? », demande alors la présidente. Moment de flottement dans la salle d’audience. « Non », répond finalement le prévenu. Pas un centime. Ce dernier avait pourtant signé un échéancier l’obligeant à verser chaque mois 40 € au fonds de garanties des victimes. Une obligation qu’il n’a pas respectée. « Indemniser les victimes, cela n’a jamais été votre priorité », a commenté la présidente avant de dévoiler des dépenses quotidiennes du prévenu, à hauteur de 40 €, dans un commerce de bouche de la région. « Avez-vous une tendance à mentir ? », a questionné la présidente. Le prévenu élude et évoque à nouveau la « tourmente financière » dans laquelle il se sent prisonnier. « Il avait préparé un plan diabolique dans sa tête »