Comment la Russie a transformé son artillerie défaillante en une menace redoutable pour l'Ukraine

Temps de lecture: 2 minutes - Repéré sur Business Insider L'invasion à grande échelle de l'Ukraine par la Russie en 2022 avait mis en lumière la faiblesse de l'artillerie russe: trop lente, imprécise, mal renseignée… Au début de la guerre, il fallait attendre des heures pour que les tirs russes indirects (d'artillerie, de mortiers ou de missiles de croisière) puissent atteindre leur cible initiale. Face aux unités militaires ukrainiennes, elles se révélaient largement inefficaces: les troupes adverses avaient eu le temps de rejoindre une nouvelle position pour se mettre à l'abri. Aujourd'hui, la donne a changé. La Russie a considérablement amélioré sa chaîne de frappe, qui est devenue beaucoup plus précise et rapide, et donc bien plus dangereuse pour l'Ukraine. Cela est dû à d'importants remaniements techniques, qui posent de nouveaux défis stratégiques. Face à cette puissance de feu accrue, guidée par de nouvelles flottes de drones de reconnaissance, l'Ukraine et l'OTAN devront s'adapter à leur tour. Abonnez-vous gratuitement à la newsletter de Slate ! Les articles sont sélectionnés pour vous, en fonction de vos centres d’intérêt, tous les jours dans votre boîte mail. Valider Si au début de la guerre, la Russie utilisait de vieux satellites et quelques trop rares drones, comme l'Orlan-10 et le Forpost, incapables de suivre le rythme des combats, elle a désormais investi l'espace aérien avec des centaines de systèmes d'observation, et emploie une large gamme de drones tactiques qui lui permettent de repérer ses cibles avec précision. En 2023, le ministre de la Défense russe Sergueï Choïgou se félicitait ainsi d'avoir multiplié par 53 le nombre de drones (Orlan-10 et Orlan-30) opérant sur le terrain depuis le début de l'invasion. L'insuffisance des défenses aériennes ukrainiennes a permis à ce réseau de drones de recueillir des informations sur les opérations adverses menées à l'arrière, et de mener des frappes destructrices. En gagnant de la visibilité sur l'espace de combat, l'armée russe peut se permettre d'avoir de plus en plus recours à des missiles balistiques à courte portée, comme l'Iskander-M –dans la nuit du 5 au 6 avril 2025, elle en lançait six contre l'oblast de Kiev, dont un seul a été intercepté par l'armée de l'air ukrainienne, qui utilise des systèmes de défense américains. Des sanctions pourtant efficaces Confrontée à une pénurie temporaire de munitions d'artillerie en 2023, la Russie, qui privilégiait jusqu'alors les bombardements massifs, est passée à des frappes de précision –même quand il s'agit de viser des immeubles civils–, soutenues par des centaines de drones. L'intégration de technologies civiles, comme les simples smartphones, aux opérations militaires, a également permis aux troupes russes d'améliorer l'efficacité de leur chaîne de commandement, notamment en utilisant l'application Discord pour relayer des informations en temps réel sur le champ de bataille et coordonner leurs frappes. Toutefois, ces systèmes sont sujets aux fuites de renseignement, et ont entraîné des frappes ukrainiennes sur la position de leurs utilisateurs. Pour Federico Borsari, spécialiste des technologies et de l'innovation de guerre au Center for European Policy Analysis, ces évolutions devraient pousser le camp ukrainien à se concentrer davantage sur l'entraînement de ses troupes au combat: afin de réduire leur exposition aux frappes, il leur faut désormais se déplacer rapidement et en petites formations dispersées. Selon l'analyste, une riposte politique efficace consisterait, de la part des États-Unis et de l'Europe, à cibler la production russe de drones de haute technologie et de munitions de précision, qui dépendent souvent de pièces provenant de l'étranger: «Les sanctions occidentales ont, d'une certaine manière, ralenti l'approvisionnement en composants pour cette production. Cela affecterait la capacité de la Russie à se déployer à grande échelle et de manière durable», explique-t-il ainsi à Business Insider.