Les législatives au Canada donnent les libéraux de Mark Carney vainqueurs dans un come-back inespéré

Mark Carney, qui a remplacé Justin Trudeau, a fait une campagne anti-Trump. Une stratégie payante. CANADA - Une victoire inespérée. Le Parti libéral de Mark Carney a remporté lundi 28 avril les législatives canadiennes, selon les projections des médias locaux, après une campagne centrée sur les menaces du président américain Donald Trump contre le pays. Toutefois, selon des résultats encore préliminaires, les libéraux pourraient rester minoritaires au Parlement et seraient donc contraints de gouverner avec l’appui d’un autre parti. Il y a quelques mois encore, la voie semblait toute tracée pour permettre aux conservateurs canadiens emmenés par Pierre Poilievre de revenir aux affaires, après dix ans de pouvoir de Justin Trudeau. Ils étaient largement devant dans les sondages. Mais le retour de Donald Trump à la Maison Blanche et son offensive inédite contre le Canada, à coups de droits de douane et de menaces d’annexion, ont changé la donne. À Ottawa, où les libéraux sont réunis pour la soirée électorale dans une aréna de hockey, l’annonce des résultats a provoqué une salve d’applaudissements et des cris enthousiastes. Pour le ministre Steven Guilbeault, « les nombreuses attaques du président Trump sur l’économie canadienne, mais aussi sur notre souveraineté et notre identité même, ont vraiment mobilisé les Canadiens », a-t-il déclaré sur la chaîne publique CBC. Et les électeurs « ont vu que le Premier ministre Carney avait de l’expérience sur la scène mondiale ». Mark Carney s’est finalement exprimé après la victoire de son compte en posant tout de suite deux questions à ses concitoyens en plein bras de fer avec les États-Unis : « Qui est prêt à défendre le Canada à mes côtés ? Et qui est prêt à bâtir un Canada fort ? ». Avant de montrer plus direct envers son homologue américain. « Le président Trump essaie de nous briser pour que l’Amérique puisse nous posséder, cela n’arrivera jamais », a-t-il lâché, avant d’ajouter que le Canada a « surmonté le choc de la trahison américaine », mais que le pays « ne doit jamais oublier » cette « trahison » des États-Unis. À 60 ans, novice en politique mais économiste reconnu, il a su convaincre une population inquiète pour l’avenir économique et souverain du pays qu’il était la bonne personne pour piloter le pays en ces temps troublés. Cet ancien gouverneur de la banque du Canada et de Grande-Bretagne n’a cessé de rappeler pendant la campagne que la menace américaine est réelle pour le Canada. « Ils veulent nos ressources, notre eau. Les Américains veulent notre pays », avait-il prévenu. « Le chaos est entré dans nos vies. C’est une tragédie, mais c’est aussi une réalité. La question clé de cette élection est de savoir qui est le mieux placé pour s’opposer au président Trump ? », avait-il également expliqué pendant la campagne. Pour faire face, il a promis de maintenir des droits de douane sur les produits américains tant que les mesures de Washington seront en place. Mais aussi de développer le commerce au sein de son pays en levant les barrières douanières entre provinces et de chercher de nouveaux débouchés, notamment en Europe. En face, le chef conservateur, qui avait promis des baisses d’impôts et des coupes dans les dépenses publiques, n’a pas réussi à convaincre les électeurs de ce pays du G7, 9e puissance mondiale, de tourner le dos aux libéraux. En fin de soirée, il a reconnu sa défaite, félicitant Mark Carney pour prendre la tête « d’un gouvernement minoritaire ». À l’heure de son discours, les résultats n’étaient toutefois pas en état de dire si les Libéraux prendraient la tête d’un gouvernement majoritaire ou minoritaire. Pierre Poilievre aura aussi souffert jusqu’au bout de la proximité, de par son style et certaines de ses idées, avec le président américain, ce qui lui a aliéné une partie de l’électorat, selon les analystes. Malgré cela, c’est un discours d’unité qu’il a envoyé au Premier ministre, affirmant vouloir voir les conservateurs travailler « avec le Premier ministre et tous les partis pour défendre les intérêts du Canada et obtenir un nouvel accord commercial qui met les droits de douane derrière nous tout en protégeant notre souveraineté ». Près de 29 millions d’électeurs étaient appelés aux urnes dans ce vaste pays du G7 qui s’étend sur six fuseaux horaires. Et plus de 7,3 millions de personnes avaient voté par anticipation, un record. À voir aussi sur Le HuffPost : La lecture de ce contenu est susceptible d’entraîner un dépôt de cookies de la part de l’opérateur tiers qui l’héberge. Compte-tenu des choix que vous avez exprimés en matière de dépôt de cookies, nous avons bloqué l’affichage de ce contenu. Si vous souhaitez y accéder, vous devez accepter la catégorie de cookies “Contenus tiers