Discrète depuis sa défaite à la présidentielle, Kamala Harris a dénoncé une «vision étriquée et égoïste de l’Amérique» de Donald Trump. Au-delà de ses multiples louvoiements sur les droits de douane, Donald Trump déroule un «programme qui a été élaboré pendant des décennies» par les conservateurs, a-t-elle martelé AFP L’ancienne vice-présidente américaine Kamala Harris a dénoncé mercredi un exercice «égoïste» du pouvoir par Donald Trump , dans son premier discours majeur après sa défaite à l’élection présidentielle de novembre. La démocrate, qui hésite selon la presse américaine entre une nouvelle candidature à la Maison-Blanche en 2028 ou tenter de se faire élire gouverneure de Californie en 2026, a appelé les Américains à ne pas se laisser «berner» par le «chaos» apparent du début de mandat du milliardaire républicain. Au-delà de ses multiples louvoiements sur les droits de douane, Donald Trump déroule un «programme qui a été élaboré pendant des décennies» par les conservateurs, a-t-elle martelé. Ce programme vise «à réduire l’éducation publique, (…) à réduire la taille du gouvernement, puis à privatiser ses services. Tout cela en accordant des allègements fiscaux aux plus riches», a-t-elle résumé. «Vision étriquée» Elle a dénoncé une «vision étriquée et égoïste de l’Amérique, où l’on punit ceux qui disent la vérité, où l’on favorise les fidèles, où l’on tire profit de son pouvoir et où l’on laisse les autres se débrouiller seuls.» Les 100 premiers jours du deuxième mandat de Donald Trump ont été marqués par plus de 140 décrets présidentiels – dont beaucoup ont été bloqués en justice. Le septuagénaire a notamment attaqué ses adversaires politiques, largement médiatisé ses expulsions d’immigrés en situation irrégulière et a essayé de démanteler les effectifs de l’administration fédérale, avec l’aide de son allié milliardaire Elon Musk. Profil bas La base fervente de Donald Trump a toujours une foi quasi-religieuse en lui, mais de nombreux Américains semblent déboussolés par l’ampleur des changements en cours, selon les sondages. Les droits de douane imposés par le président et la guerre commerciale qu’il a déclenchée avec la Chine cristallisent les doutes. Ils font craindre une reprise de l’inflation, que beaucoup d’électeurs espéraient voir baisser avec son retour au pouvoir. Le bras de fer judiciaire avec les tribunaux sur les questions d’immigration et la pression mise sur les universités du pays suscitent également la polémique. Après avoir fait profil bas pendant six mois suite à sa défaite, Kamala Harris était l’invitée d’une association encourageant les femmes à s’engager en politique. «Crise constitutionnelle» Elle a estimé que les tentatives de Donald Trump pour maximiser l’autorité du président font courir aux États-Unis le risque d’une «crise constitutionnelle». «Si cela se produit, (..) le seul pouvoir qui ne doit pas faillir, c’est la voix du peuple.» «Le président Trump, son administration et leurs alliés misent sur l’idée que la peur peut être contagieuse», a-t-elle observé. Mais «la peur n’est pas la seule chose qui est contagieuse. Le courage est contagieux», a-t-elle lancé, en saluant celui des juges, des universitaires et des citoyens ordinaires qui s’opposent au gouvernement. «Le courage de tous ces Américains m’inspire», a-t-elle insisté. L’ex-sénatrice et procureure générale de Californie est vue comme une favorite si elle devait briguer le poste de gouverneure de cet État.