Dans un écosystème automobile en révolution perpétuelle, un acronyme fait son chemin : EREV, pour Extended-Range Electric Vehicle. Ces véhicules reposent sur une technologie hybride d’un nouveau genre. Comme les PHEV (hybrides rechargeables), ils combinent un moteur électrique à une motorisation thermique. Mais à la différence des PHEV classiques, le moteur à essence des EREV n’entraîne jamais les roues : il sert uniquement de générateur pour recharger la batterie et prolonger l’autonomie. Résultat : une conduite entièrement électrique, avec l’assurance de ne pas rester sur le carreau. Une nouvelle voie pour l’électrique ? Volkswagen, par l’intermédiaire de sa marque américaine Scout Motors, se lance dans l’aventure. Le constructeur a présenté deux modèles prévus pour 2027 : le pickup Terra et le SUV Traveler. Tous deux seront déclinés avec un prolongateur d’autonomie baptisé « Harvester », un clin d’œil à l’héritage américain de la marque (le nom Scout vient de l’International Scout, un 4×4 mythique produit entre 1961 et 1980). Grâce à ce système, l’autonomie grimpe à plus de 800 kilomètres. De quoi séduire les amateurs de grands espaces et de bateaux à tracter jusqu’au lac. Selon Scout, le système Harvester « suscite un vif intérêt » et se reflète déjà dans le nombre de précommandes. Sans donner de chiffres, la marque assure que cette option rencontre « un écho favorable » auprès des consommateurs. Les EREV ne sont pas une nouveauté absolue. Le concept avait été inauguré dès 2010 avec la Chevrolet Volt, sans grand succès à l’époque. Mais depuis, la donne a changé, notamment en Chine, où le constructeur Li Auto a misé exclusivement sur cette technologie. Résultat : 623.000 EREV y ont été écoulés en 2023, soit une hausse de 173 % en un an. Aujourd’hui, la plupart des grands noms de l’électrique chinois, à l’exception de Nio, ont développé ou prévoient de lancer leur propre modèle à autonomie prolongée. Du côté des constructeurs occidentaux, Stellantis commercialisera un Ram 1500 Ramcharger capable d’atteindre 1.100 km grâce à un moteur V6 en appoint. Mazda vend déjà son MX-30 R-EV en Europe, et Hyundai prévoit un modèle pour 2027, avec une autonomie de 900 km. Cette montée en puissance s’explique par un contexte tendu : malgré les ambitions affichées en début de décennie, la voiture 100 % électrique reste coûteuse à produire, peu rentable pour les constructeurs, et son adoption se heurte encore à l’anxiété liée à la recharge. Les infrastructures progressent, mais pas assez vite. Dans ce paysage, l’EREV se présente comme une solution transitoire crédible. « Ce type de véhicule peut répondre aux besoins des conducteurs ruraux ou de ceux qui font de longs trajets quotidiens », résume Gil Tal, directeur du centre de recherche sur les véhicules électriques à l’université UC Davis. Plus qu’un simple « entre-deux », l’EREV permet d’atténuer les craintes sans abandonner la dynamique vers l’électrification.