La fin des téléphones à l’école ?

Vous avez été fort nombreux à nous envoyer vos commentaires sur l’interdiction des cellulaires à l’école. Voici quelques-uns de ceux-ci. Lisez l’article « Les cellulaires interdits à l’école dès la rentrée » Seuls ensemble Je suis enseignant dans une école secondaire publique de Montréal et je suis absolument en faveur de l’interdiction totale des cellulaires et écouteurs à l’école. Durant les pauses, le midi à la cafétéria, à la sortie des classes, les adolescents sont penchés sur leurs appareils, isolés, tout seuls ensemble. Cela est très dommageable pour leur développement. Ils doivent socialiser, discuter, rire, bouger, échanger entre eux, se faire des amis, se chicaner, apprendre à régler leurs conflits, à gérer leurs émotions, vivre leurs premiers émois amoureux. Après tout, la socialisation est l’un des trois axes de la mission de l’école québécoise. Guillaume Fortin, Montréal Pour favoriser les échanges entre personnes En tant que parent d’un enfant qui entrera au secondaire en septembre, je suis favorable à l’interdiction des cellulaires à l’école. Pour moi, cette mesure est essentielle pour favoriser de vraies interactions entre les jeunes et enrichir leur vie sociale. À un âge où les relations humaines sont si importantes pour le développement, il est crucial de créer un environnement où les échanges en personne prennent le dessus sur les écrans. Joanie Tremblay, Blainville Le dentifrice ne rentrera pas dans le tube Je suis un enseignant du secondaire, les appareils électroniques existent, nous devons donc évoluer avec leur présence. On ne peut remettre le dentifrice dans le tube une fois sorti. Les appareils nous permettent parfois en classe de faire des activités pédagogiques. Ils permettent aussi parfois de pallier le manque d’ordinateurs portables ou de tablettes. Et pour être réaliste, comment les écoles seront-elles capables de faire respecter cette règle ? Y aura-t-il une police du cellulaire ? Eric Bourgeois, Saint-Damase Les adultes aussi C’est une bonne idée si on souhaite que les jeunes soient connectés davantage aux autres en direct. Pour les aider à accepter cette interdiction, on pourrait aussi mieux encadrer l’utilisation des cellulaires chez les adultes au travail. Leur usage personnel a également accaparé les travailleurs et travailleuses qui regardent sans cesse leur écran. Sylvie Lepage, Sainte-Anne-des-Plaines Apprendre à socialiser Les élèves vont à l’école pour apprendre et socialiser. On pourrait même dire « apprendre à socialiser ». La présence des cellulaires, les études le démontrent bien, nuit à ces deux objectifs. J’espère que le gouvernement ne se mettra pas la tête dans le sable et aura la lucidité et le courage de suivre entièrement les recommandations du groupe de réflexion sur cette question. Jean-Pierre Beaulieu, Sainte-Catherine-de-Hatley Examen de conscience Une excellente initiative qui doit voir le jour le plus tôt possible. Oh, ça va grogner, se plaindre et trouver toutes les raisons pour conserver ce cordon ombilical électronique plus que faussement vital pour les jeunes. Ils vont finalement apprendre à s’en passer et profiteront de vrais échanges entre personnes. Il faudra trouver les bonnes façons de contrôler le tout, de s’y tenir et de ne pas baisser la garde. Les parents, qu’on dit parfois indisciplinés sur cet aspect, devront faire un sérieux examen de conscience pour embarquer dans le projet et le soutenir coûte que coûte. En bout de piste, on sera tous gagnants. Pierre Rousselle, Terrebonne Échec assuré Je pense qu’interdire les téléphones à l’école est non seulement une mauvaise idée, mais aussi une mesure destinée à l’échec. Les règles contre l’utilisation des téléphones cellulaires à l’école ont toujours été contrées par les élèves et moyennement respectées par le personnel. Je pense qu’avoir son téléphone sur soi en cours est non seulement une réalité de la vie de tous les jours, mais aussi un moyen pour un élève d’apprendre à se gérer et à trouver un équilibre quant au temps qu’il passe sur les écrans. Charlotte Fournier, Saint-Sauveur Comme à la belle époque Mon fils va à l’école secondaire d’Oka où la direction a pris la décision d’interdire les cellulaires partout en tout temps. Maintenant en 2e secondaire, il a enfin (!) eu un cellulaire l’été dernier. Habitué à l’interdiction, il ne pense même pas à l’apporter à l’école. Les élèves s’en sortent très bien. S’il y a quelque chose, il est en mesure de me joindre comme à la belle époque par les téléphones de la réception. L’effort de l’équipe école y est aussi pour beaucoup. Les adultes doivent y mettre du leur : une foule d’activités sont accessibles aux jeunes. C’est beau de les voir se parler dans les yeux avant les cours ou à l’heure du lunch. Je le conseille à toutes les écoles de la province. Corinne Aubry, Saint-Joseph-du-Lac La réalité d’une classe Je suis enseignante au secondaire depuis 30 ans. Je serais bien heureuse de voir les élèves se parler au lieu de se coller le nez sur leur cellulaire dès le son de la cloche. Ils ont un accès direct, alors c’est certain qu’ils vont opter pour le cellulaire au lieu de parler aux autres. Nous savons tous que les jeunes ont accès à beaucoup trop avec leur cellulaire, ce qui les rend non seulement dépendants, mais hyper anxieux et « déconnectés » de la réalité qui se déroule devant eux. En classe, ils essaient de texter, de regarder des vidéos ou de cacher leurs écouteurs sous leur chevelure pour écouter de la musique au lieu d’écouter les cours. Ils ont du mal à s’exprimer. Le cellulaire n’a pas sa place en classe ni à l’école. L’interdiction sur le terrain extérieur, selon moi, c’est abusif, par contre. Il faudra trouver des solutions pour bien équiper les locaux d’ordinateurs portables ou de tablettes pour l’accès à l’information et s’assurer que les casiers sont bien verrouillés pour prévenir les vols. Marie Guertin, Montréal Certains commentaires ont été modifiés à des fins de clarté et de concision.