Un nouveau délai pour calmer le jeu. Déjà suspendue jusqu’au 1er juin, la réforme du seuil d’exemption de TVA pour les autoentrepreneurs est désormais repoussée à la discussion budgétaire d’automne, faute d’avoir «fait l’unanimité pour ou contre», a annoncé mercredi 30 avril le ministre de l’Economie, Eric Lombard, lors des questions au gouvernement à l’Assemblée nationale. A lire aussi Budget 2025 : face à la controverse sur la TVA des autoentrepreneurs, Bercy organise une concertation «Le gouvernement a pris la décision de suspendre la mise en œuvre de la réforme et de laisser le débat se tenir sereinement dans le cadre du projet de loi de Finances pour 2026», a déclaré le ministre face aux députés. Dans un communiqué publié dans la foulée par Bercy, le gouvernement s’est félicité d’avoir «fait le choix de l’écoute et du dialogue» face aux «inquiétudes exprimées par différents acteurs économiques et des parlementaires». «Une suspension, pas une suppression» La nouvelle a été accueillie avec soulagement par François Hurel, président de l’Union des autoentrepreneurs, pour qui «la sagesse a primé». Mais qui ne baisse pas la garde pour autant. «Il s’agit d’une suspension, pas d’une suppression», a-t-il toutefois nuancé. La réforme, comprise dans l’actuelle loi de Finances, devait entrer en vigueur le 1er mars et a déjà été suspendue jusqu’au 1er juin pour concertation. Elle abaisse à 25 000 euros de chiffre d’affaires annuel le seuil de taxation à la TVA, au lieu de 37 500 euros précédemment pour les prestations de services et 85 000 euros pour les activités de commerce. Cela concerne particulièrement des centaines de milliers de microentrepreneurs. Au sein d’Ensemble pour la République, opposé aux hausses de prélèvements, on souhaite aussi revenir à la situation antérieure, et bien avant l’automne. Le chef de file des députés du groupe de la majorité, Gabriel Attal, s’est félicité sur X de cette «première victoire», ajoutant soutenir une proposition de loi du député Paul Midy «pour garantir une bonne fois pour toutes une stabilité fiscale pour [les] microentrepreneurs». La proposition devrait être étudiée «début juin» lors d’une niche parlementaire. «Donner le temps au débat» Marc Sanchez, secrétaire général du Syndicat des indépendants et des TPE (SDI), a quant à lui «salué la décision du gouvernement de donner le temps au débat», car la «décision abrupte» prise dans le budget 2025 «mettait en péril un grand nombre de professionnels commerçants, notamment dans les petites villes et les territoires ruraux». Ce dernier juge tout de même que les débats «devront impérativement prendre en compte la situation spécifique des professionnels du bâtiment, confrontés de fait à une concurrence que l’on peut qualifier de déloyale» de la part des microentrepreneurs. Le SDI souhaite l’abaissement du seuil à 25 000 euros pour les autoentrepreneurs du bâtiment, et le retour du régime précédent pour les autres secteurs d’activité.