Cliquer pour envoyer un lien par e-mail à un ami(ouvre dans une nouvelle fenêtre) Les districts scolaires doivent dégager des économies de 43 millions $ dans leurs budgets et les affecter aux salles de classe. Des compressions, disent les uns ; une réallocation des ressources, répliquent les autres. Peu importe le terme employé, il existe un risque que les choix budgétaires retenus aient un impact négatif sur l’apprentissage des élèves. Le gouvernement Holt prévoit terminer la prochaine l’année financière avec un déficit de près de 600 millions $. Afin d’éviter que les finances publiques ne se détériorent davantage, il est prêt à prendre des décisions impopulaires. Le budget du ministère de l’Éducation a augmenté de 200 millions $ comparativement à l’année financière précédente. Ce n’est pas suffisant. Ce n’est pas nous qui l’affirmons, mais plutôt la ministre de l’Éducation et du Développement de la petite enfance, Claire Johnson. Selon son analyse, il aurait fallu au moins 50 millions $ supplémentaires pour tenir compte de la croissance démographique, pour ajouter des ressources nécessaires dans les écoles et pour mettre en œuvre les promesses électorales libérales. Fredericton n’a pas cet argent et demande donc aux districts scolaires d’en trouver dans leurs budgets existants. Ils doivent prendre une partie de l’argent normalement dépensé à d’autres fins et le rediriger vers les salles de classe. Le président du conseil d’éducation du District scolaire francophone Sud, Michel Côté, a donné l’exemple d’une école qui accueillera 30 élèves supplémentaires. L’embauche d’un nouvel enseignant sera alors justifié. Plutôt que demander du financement au ministère de l’Éducation, le district devra puiser les fonds ailleurs. L’idée semble pleine de sens. Le problème est que les montants qu’il faudra réaffecter sont importants: 2,3 millions $ dans le Nord-Ouest, 4,1 millions $ dans le Nord-Est et 7,1 millions $ dans le Sud. Or, ce n’est pas comme si les districts comptaient sur des armées de fonctionnaires qui se tournent les pouces. Des décisions déchirantes devront être prises. Le District scolaire anglophone Ouest, qui gère 70 écoles, a déjà confirmé qu’une soixantaine d’employés de bibliothèques scolaires seront mis à pied. N’en doutons pas, d’autres annonces du genre auront lieu partout dans la province. Des personnes compétentes, motivées et qui jouent un rôle important dans les écoles perdront leur emploi. Attendons toutefois avant de lancer la pierre au gouvernement et de dénoncer ses visées. La ministre Johnson a promis d’aider les districts à prendre des décisions éclairées qui auront un impact négatif minimal sur les enfants. Les choix budgétaires imposés aux districts scolaires ont des conséquences, mais nous n’en sommes pas encore aux coupes à la tronçonneuse. Les libéraux ont hérité du gouvernement Higgs d’un cadeau empoisonné: un déficit budgétaire structurel. Les mégasurplus des dernières années ont été le fruit de revenus temporairement en forte hausse d’Ottawa et en lien avec l’augmentation de la population (grâce à l’immigration). La croissance prévue des dépenses par le ministre des Finances libéral René Legacy est beaucoup moins élevée que dans les derniers budgets signés par son prédécesseur progressiste-conservateur, Ernie Steeves. Les libéraux essaient de tirer le maximum de l’argent disponible. Ainsi, le ministère du Tourisme doit composer avec environ 900 000$ en moins. La ministre Isabelle Thériault a mis en place une stratégie qui ressemble à ce qui est imposé en éducation. Elle promet de mieux gérer les ressources, redistribuer les fonds dans les programmes les plus importants (en particulier la promotion touristique) et d’éliminer les initiatives ayant peu de retombées. Évidemment, il y a une différence énorme entre sacrifier des programmes en tourisme ou en éducation. Les conséquences à long terme ne sont pas les mêmes. Nous enjoignons les districts scolaires et le ministère de l’Éducation à tout faire pour minimiser l’impact dans les salles de classe. Le gouvernement est déterminé à lutter contre le déficit. Pour ce faire, il est même prêt à toucher aux budgets en éducation, ce qui est toujours sensible. Ces actions nous laissent croire que d’autres décisions impopulaires seront prises dans les prochains mois. Si cette administration est prête à serrer les cordons de la bourse dans les écoles, elle le fera ailleurs, dans d’autres domaines.