Pour ces huit « chouetteurs et chouetteuses », venus de Brest, Concarneau ou Pont l’Abbé, la projection tant attendue du film documentaire « La découverte de la Chouette d’or » sonnait comme une grand-messe, ce vendredi 3 mai. Depuis la découverte de la précieuse contremarque enterrée et la fin officielle de la plus longue chasse au trésor française, le 2 octobre 2024 la communauté de fans, dont les Bretons Piblo, Tromelin, Knopfler ou JP Audio, n’en peut plus d’attendre. Une heure avant la projection qui a réuni une centaine de personnes au Liberté à Brest, le groupe de connaissances, réuni par le Plouzanéen Pierre Blouch (alias Piblo), avait déjà débriefé à l’apéro. Actifs ou retraités, ils affichent entre dix et trente ans de quête et se posent tous les mêmes questions : « Où a été trouvé le trésor ? » « Quelles sont les solutions finales aux onze énigmes ? » « Va-t-on ou non être déçu par les explications du co-créateur du jeu Michel Becker ? » Et surtout : « Les deux gagnants, dont on ne connaît pas l’identité, ont-ils été si forts que cela ? ». À quelques minutes du début du documentaire, c’était déjà le grand scepticisme chez nos amateurs bretons. Pierre le restaurateur, Sylvain l’informaticien, Eleusis l’enseignante vantent tous une super histoire, qui les a amenés « dans un monde onirique incroyable ». « Quand on tombe dedans, on devient un peu fou et on voit des signes partout », relate le quinquagénaire Gildas. JP Audio (alias Jean-Pierre), 65 ans, a repris activement la chasse il y a douze ans. Sa piste à lui mène en Auvergne, où il a un jour grimpé, pelle sur le dos, au sommet d’un volcan. Il dit avoir ne pas avoir confiance en Michel Becker, qui a relancé le jeu après le décès du fondateur Max Valentin : « Il n’est pas fiable et a déjà fait preuve de beaucoup d’incohérences ». À lire sur le sujet « Chouette d’or » : le trésor se trouvait dans un village de Moselle Pascal, intendant à l’Assemblée nationale, recherche depuis 1997 et reste bloqué à la dixième énigme. « Après toutes ces années d’investissement, nous faire attendre sept mois pour avoir les solutions m’a semblé très irrespectueux. J’espère que la résolution sera crédible et cohérente avec l’esprit de Max ». Comme les chouetteurs finistériens du jour, JP Audio se dit « Anti-Daboiste ». « Je veux bien tout entendre, sauf que la Chouette d’or a été déterrée à Dabo, dans ce petit village de Moselle où nous sommes tous allés. Ça serait trop facile ! » Il n’y a aucun élément nouveau, à part l’addition bizarre de quelques chiffres à la fin. Je trouve cette solution hautement douteuse et très frustrante À lire sur le sujet « Il y a beaucoup de fantasmes autour de la Chouette d’or », dit cette Bretonne « Douteux et frustrant » À 21 h, fin du suspens sur grand écran. Et c’est bien le nom de Dabo qui apparaît. Consternation dans le cinéma. « Je suis choqué par ce final de m…, lâche Apolléo (alias Lilian). J’ai vu un exercice de style fait pour le grand public, mais il ne peut pas satisfaire les chouetteurs acharnés. À Dabo, tout a été sondé et resondé sur plus de vingt mètres autour du lieu annoncé de la découverte. C’est un vrai gruyère, comment voulez-vous qu’on soit passé à côté ! ». Debrief tendu entre amateurs finistériens de la Chouette d'or, ce vendredi 3 mai 2025. Une heure avant la projection du documentaire devant donner les solutions de la chasse au trésor, les fins connaisseurs du jeu partagent déjà leurs analyses. (Le Télégramme / Sophie Prévost) « Il n’y a aucun élément nouveau, à part l’addition bizarre de quelques chiffres à la fin. Je trouve cette solution hautement douteuse et très frustrante, enchaîne Sylvain, « qui va boire des coups avec les copains » pour se réconforter. Pierre Blouch affiche, lui, une mine dépitée. « J’étais déjà malheureux de la manière dont la fin de la chasse avait été annoncée. Là je suis très sceptique. La clé me semble à la fois simpliste et tirée par les cheveux. J’attends de recevoir le livre des solutions pour me faire une idée ».