En Suisse, au moins quatorze féminicides ont déjà été recensés cette année. Ces crimes, souvent commis par des proches, sont profondément enracinés dans des représentations culturelles et médiatiques. Christelle Taraud, historienne, explore comment ces représentations contribuent à banaliser la violence contre les femmes. Les féminicides, définis comme des meurtres de femmes en raison de leur genre, persistent en Suisse, avec au moins quatorze cas recensés cette année. Ces actes sont majoritairement perpétrés par des partenaires ou ex-conjoints, mais également par d'autres membres de l'entourage familial. Selon Christelle Taraud, historienne et coordinatrice de l'ouvrage paru en 2022 "Féminicide, une histoire mondiale", les productions culturelles exercent une influence déterminante dans la normalisation de ces violences. "Les féminicides ne sont pas des actes isolés, mais l'expression d'un système culturel qui dévalorise systématiquement la vie des femmes. Des contes anciens aux séries modernes, notre culture normalise cette violence", affirme Christelle Taraud. Des messages dégradants véhiculés par des œuvres culturelles Dans son livre, l'historienne décrypte comment diverses œuvres culturelles, du cinéma à la littérature en passant par les dessins animés, transmettent des messages dégradants envers les femmes. Elle évoque notamment "Les Mille et Une Nuits", où la menace du féminicide constitue le point de départ du récit, ainsi que des productions contemporaines comme "Game of Thrones", qui perpétuent la notion que l'existence féminine a moins d'importance. Cette banalisation via les supports culturels s'avère préoccupante, selon l’historienne, car elle crée un contexte propice aux agressions envers les femmes. Les tueurs en série, par exemple, ciblent fréquemment des femmes marginalisées – qu'il s'agisse de femmes racisées ou de travailleuses du sexe – dont la vie est considérée comme ayant moins de valeur. Christelle Taraud insiste sur l'importance d'identifier le féminicide comme un mécanisme d'oppression systématique du féminin. Elle plaide pour une prise de conscience collective quant à l'influence des représentations symboliques sur le quotidien réel des femmes. En Suisse, Gian Belli, codirecteur du Bureau fédéral de l'Égalité, identifie plusieurs facteurs aggravants tels que la rupture conjugale, les épisodes antérieurs de violences domestiques et l'accessibilité aux armes à feu, tout en soulignant que ce phénomène traverse toutes les classes sociales et tous les milieux culturels. Alors comment lutter contre cette violence structurelle? Pistes et solutions dans cette nouvelle série Zoom info. >> Écoutez l’épisode 1 : Féminicide : une histoire mondiale à travers les âges (1/2) / Zoom info / 11 min. / mardi à 06:00 >> Ecouter l'épisode 2 : Féminicide : l'impact des représentations médiatiques (2/2) / Zoom info / 10 min. / mardi à 06:01 Magali Philip