« The White Lotus » ne vous a pas menti : « l’arbre du suicide » existe, et il est vraiment dangereux

Utilisé comme ressort scénaristique dans la série de Mike White, cet arbre originaire d’Asie du Sud-Est produit dans ses graines une toxine qui peut être fatale en cas d’ingestion. Attention, spoilers ! SÉRIE - En trois saisons, c’est devenu une question lancinante pour tous les fans de la série The White Lotus : qui ne survivra pas à son séjour dans l’hôtel de luxe fictif ? Si l’on savait dès le premier épisode qu’une fusillade allait éclater dans le resort thaïlandais, des éléments ont aussi été distillés dès le début de la saison 3 sur la dangerosité d’un arbre local, dont le fruit, semblable à une mangue, peut tuer quiconque en ingère les graines. « Il y a plein de fruits délicieux, mais évitez celui-ci. C’est le fruit de l’arbre pong-pong et ses graines sont toxiques. Ça peut vous tuer, c’est très vénéneux », signale ainsi une employée du complexe hôtelier à la famille Ratliff. Les plus avertis auront sans doute noté cette allusion et ne s’y seront pas trompés, puisqu’elle prend tout son sens dans le dernier épisode, diffusé ce lundi sur la plateforme Max. Alors que sa femme et ses enfants vont bientôt tout savoir du scandale financier dans lequel il est empêtré et qui va les laisser sans un sou, Timothy Ratliff (Jason Isaacs) décide de les empoisonner plutôt que d’affronter leur réaction. Se souvenant de l’avertissement de l’employée de l’hôtel, qui lui apprend qu’on appelle l’arbre pong-pong « l’arbre du suicide », il mixe les graines du fruit à du rhum, du jus d’ananas et du lait de coco avant de suggérer à sa famille de boire tous ensemble une piña colada. Si le père de famille finit par renoncer à son plan, la boisson qu’il a servi s’avère bien hautement toxique et aurait pu suffire à empoisonner mortellement quatre personnes. Car oui, « l’arbre du suicide » existe bien et a, hélas, une triste réputation. Aussi connu sous le nom d’arbre pong-pong ou Cerbera odollam, il s’agit d’un arbre ornemental originaire d’Asie du Sud, du Sud-Est, des îles tropicales du Pacifique, ainsi que de certaines régions d’Australie, détaille sur son site le National tropical botanical garden, situé à Hawaï. Que Mike White ait choisi d’utiliser l’arbre pong-pong comme ressort narratif dans le final de la saison 3 de The White Lotus n’a rien d’étonnant, si l’on se penche sur l’histoire de son utilisation. Comme le détaille au New York Times Ty Matejowsky, professeur d’anthropologie à l’Université de Floride centrale, son fruit a largement été utilisé pour mettre fin à ses jours dans les pays où il pousse. Selon une étude publiée en 2004, environ 3 000 personnes par an auraient péri au cours des siècles passés à cause des arbres pong-pong. Jusqu’au début du XXe siècle à Madagascar, le fruit du pong-pong a aussi joué un rôle clé dans les procès pour sorcellerie, puisque seules les accusées mourant après avoir ingéré le fruit étaient considérées comme coupables. « C’est une façon de faire porter la responsabilité de ces jugements de vie ou de mort au surnaturel, tout en protégeant les personnes qui infligent la punition des crimes du sentiment de culpabilité », analyse le professeur Ty Matejowsky. C’est le fruit de l’arbre pong-pong, et plus précisément ses graines, qui s’avèrent particulièrement dangereuses. Leur goût amer indique qu’elles contiennent de la cerbérine, une toxine aussi présente dans le muguet ou la digitale et classée comme glycoside cardiaque. Si une faible dose de glycoside cardiaque (qui augmente la force de chaque battement du cœur tout en en ralentissant la fréquence) peut s’avérer utile pour les personnes souffrant d’un trouble cardiaque, elle est mortelle lorsqu’ingérée à haute dose, souligne pour The New York Times le Dr Mary Wermuth, toxicologue médicale à l’Université de l’Indiana, qui précise qu’une seule graine peut suffire à donner la mort, généralement en moins d’une heure. Son ingestion « entraîne une hyperkaliémie, des vomissements et un bloc cardiaque (lorsque le rythme cardiaque ne parvient pas à atteindre le cœur), suivis de symptômes comme une fibrillation auriculaire, un ralentissement du rythme cardiaque et potentiellement un choc cardiovasculaire, puis la mort », confirme auprès de People Matthew Badgett, médecin interniste à la Cleveland Clinic. Des nausées, des vomissements et des diarrhées peuvent aussi survenir 20 à 30 minutes après l’ingestion, signe d’une intoxication. En substance, ce qui arrive à Lochlan, le cadet des enfants Ratliff incarné par Sam Nivola quand, le lendemain de la soirée piña colada, il boit une boisson protéinée contenant les restes de graines de pong-pong et s’effondre… Avant de revenir miraculeusement à la vie. Un scénario un peu tiré par les cheveux ? Pas forcément, selon le Dr Wermuth. « Aurait-il pu survivre ? Bien sûr », avance-t-elle. « Mais tout dépend de la quantité ingérée. Il se peut qu’il ait juste eu des nausées et des vomissements, et que son cœur n’ait pas arrêté de battre. » Dans la majorité des cas, heureusement, un empoisonnement au fruit de l’arbre pong-pong n’entraîne pas la mort s’il est pris en charge rapidement. Et même s’il n’existe pas d’antidote au fruit de l’arbre pong-pong, les patients peuvent bénéficier d’atropine, qui rétablit le rythme cardiaque. 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