Plus de 10 000 fichiers de la SAAQ sous la loupe de l’Autorité des marchés publics

Plus de 10 000 fichiers et documents ont été saisis dans les bureaux de la Société de l’assurance automobile du Québec (SAAQ) et sont en cours d’analyse par les enquêteurs de l’Autorité des marchés publics (AMP). Bien que la suspension des contrats du virage numérique de la société d’État ait été levée, l’AMP poursuit son enquête. « Nous continuons notre travail de surveillance. La SAAQ est au courant puisqu’on est en communication avec eux et comme c’est dans notre mission nous allons nous assurer que le contrôle est bel et bien effectué », a mentionné l’enquêteur Raphaël Chouinard devant la « commission Gallant ». « Si nous constatons dans le futur des écarts ou des manquements, nous n’hésiterons pas à intervenir », a soutenu l’enquêteur Chouinard. Le 10 avril, l’AMP avait demandé à la SAAQ de suspendre temporairement les contrats liés au projet CASA (pour « Carrefour des services d’affaires », le nom donné au projet de transformation numérique). L’organisme s’inquiétait alors de l’inaction de la SAAQ depuis le dépôt d’un rapport dévastateur de la vérificatrice générale sur SAAQclic en février. Deux semaines plus tard, l’AMP a levé son ordonnance. Au jour 2 des audiences, mardi, l’AMP a révélé avoir rencontré plus de 16 témoins dans le cadre de son enquête et effectué plusieurs visites dans les bureaux de la SAAQ. « Nous avons transmis plus de 17 demandes de production de renseignements ou documents à des organismes publics, des partenaires ou des témoins. Nous avons aussi reçu plus de 10 000 fichiers ou documents qui sont en cours d’analyse par l’équipe d’enquêteurs. Plusieurs examens d’intégrité ont déjà débuté et d’autres sont à venir », a indiqué M. Chouinard au commissaire Gallant. Déjà 800 millions dépensés Selon l’Autorité des marchés publics, à ce jour, près de 800 millions de dollars ont été dépensés. L’AMP tient compte seulement des contrats octroyés. Son rôle est de passer au peigne fin les contrats liés au virage numérique de la SAAQ, alors que celui de la Commission d’enquête est de faire la lumière sur ce qui a conduit aux ratés du projet et sur qui était au courant de quoi. Dans son rapport publié en février dernier, le Bureau du vérificateur général du Québec a conclu qu’au terme du contrat en 2027, le virage numérique coûtera au minimum 1,1 milliard, alors que le budget initial était de 638 millions. Le premier volet de la commission, qui est prévu pour les deux prochaines semaines, vise à « tisser la toile de fond » des travaux en présentant le contexte du virage numérique à la SAAQ ainsi que ses acteurs. Les témoins de faits commenceront à défiler devant le commissaire Gallant à partir du 13 mai prochain. Avec la collaboration de Marie-Michèle Sioui