Un gouvernement qui possède les outils pour livrer la marchandise

Cliquer pour envoyer un lien par e-mail à un ami(ouvre dans une nouvelle fenêtre) À la suite d’une soirée riche en rebondissements, les électeurs du Nouveau-Brunswick ont choisi le statu quo. De son côté, Mark Carney et le Parti libéral n’obtiennent pas la majorité forte qu’ils convoitaient. Après des mois de chaos au Parlement, nous sommes néanmoins en droit d’attendre un peu plus de stabilité. L’heure est aux débats civilisés et à la collaboration. Aucune formation politique ne peut prétendre être pleinement satisfaite des résultats de lundi soir. Le Parti libéral rêvait d’une majorité. Elle lui a échappé par une poignée de sièges. Le Parti conservateur a amélioré son score des dernières élections, mais son chef a été battu dans sa propre circonscription. Le Bloc Québécois a obtenu la balance du pouvoir, mais doit la partager avec le Nouveau Parti démocratique. Ces deux tiers partis ont subi des pertes importantes. C’est la déception générale aussi en Atlantique, tous partis confondus. Les libéraux n’ont pas accompli les percées prévues. Les conservateurs ont réalisé d’importants gains en ce qui a trait au pourcentage des voix obtenues, mais sans obtenir plus de sièges. Le NPD et le Parti vert ne sont plus un facteur. Il n’y a cependant aucune raison pour que ce Parlement soit une nouvelle fois paralysé, comme au cours des derniers mois du règne de Justin Trudeau. Nous exhortons tous les chefs à respecter le jugement des électeurs et à travailler selon les limites imposées par ceux-ci. Le président américain Donald Trump pose une menace existentielle pour le Canada. Nous avons besoin d’un gouvernement qui soit fonctionnel et qui ne soit pas menacé de s’écrouler à tout moment. Certains éléments nous laissent croire que cette administration pourrait durer au minimum de 18 à 24 mois. Le NPD n’a plus de leader. Le Parti conservateur entre dans une zone de turbulences, avec son chef qui a perdu sa circonscription. Quant au Bloc québécois, il pourrait être réticent à faire tomber le gouvernement en 2026, une année électorale au Québec. Le premier ministre Mark Carney dispose de bonnes cartes. Le fait que la balance du pouvoir ne reviendra pas uniquement au Bloc québécois, en cas de minorité, est une bénédiction. Il pourra négocier des ententes à la pièce avec les bloquistes, les néo-démocrates et même les conservateurs dans certaines circonstances. Avec ses résultats meilleurs que prévu, le Parti conservateur fera l’économie d’une remise en question en profondeur. C’est une erreur. L’obstination de Pierre Poilievre à refuser de tendre la main aux progressistes-conservateurs, son incapacité à se faire des alliés (il est en froid avec les premiers ministres de la Nouvelle-Écosse et de l’Ontario) et ses mesures et discours rappelant ceux de Donald Trump l’ont empêché de venir à bout d’un gouvernement libéral pourtant usé à la corde. Il serait approprié pour Pierre Poilievre de démissionner. Il est le responsable du fait que les conservateurs sont encore dans l’opposition. Nous sommes toutefois d’avis qu’il restera jusqu’au prochain rendez-vous électoral. Il reste à voir si le reste de son caucus et les militants, particulièrement ceux de l’Ontario, lui rendront la vie difficile. Ses prédécesseurs Andrew Scheer et Erin O’Toole aussi ont tenté de conserver leur poste après une défaite électorale. En vain. Sa situation rappelle celle de Blaine Higgs. Il donnait tous les signaux de vouloir rester à la tête du Parti progressiste-conservateur du N.-B., même en cas de défaite et même s’il a été l’artisan de ses propres malheurs. Il aura fallu un verdict sans appel des électeurs – une majorité libérale et la perte de son siège à l’Assemblée législative – pour qu’il laisse la place à un nouveau chef qui, nous l’espérons, sera plus modéré. Pierre Poilievre est orphelin d’un siège au Parlement. Son parti a toutefois réalisé suffisamment de gains en Ontario pour lui faire gagner du temps. Nous l’exhortons à faire preuve d’introspection afin de comprendre les raisons de son échec. Nous souhaitons voir Mark Carney mener à bien les négociations avec Donald Trump tout en protégeant l’économie et la souveraineté du Canada. Les électeurs n’ont pas donné au premier ministre tous les outils qu’il réclamait, mais lui ont accordé un mandat suffisamment fort pour accomplir la mission qu’il s’est donnée. L’opposition doit le reconnaître et faire preuve de collaboration et de bonne foi au moins durant la prochaine année.