Et si le président américain était, malgré lui, le meilleur allié… de la Chine ? C’est ce que l’on pourrait croire en écoutant Robert A. Manning, chercheur émérite au Stimson Center (Etats-Unis) et ex-conseiller au sein du département d’État entre 2001 et 2008. A l’heure où les retombées du coup de poker de Donald Trump sur le volet tarifaire semblent plus qu’incertaines, ce fin connaisseur de l’Asie prévient : "Pour comprendre l’ampleur du chaos qui nous attend, nous devons regarder au-delà de la Chine". En imposant une hausse des droits de douane à de nombreux autres pays asiatiques, Donald Trump pourrait en effet produire l’effet inverse de celui escompté, soit les pousser dans les bras de Pékin – à condition que Xi Jinping procède aux réformes qu’il se refusait à faire jusqu’ici. "Trump voulait se séparer du reste du monde pour mieux le dominer. Il est en train de saboter l’économie mondiale et de marginaliser les Etats-Unis à l’échelle planétaire", juge Robert A. Manning, qui passe en revue les différents scénarios possibles à l’avenir. Du spectre de la dédollarisation à l’hypothèse d’une frappe nord-coréenne contre l’Amérique, en passant par un rapprochement sino-européen, aucun n’est favorable aux Etats-Unis. Voire au monde : "Nous vivrons peut-être notre Yalta sous Donald Trump, avec chaque puissance se disputant des régions pour les dominer. Sauf que nous savons comment l’histoire se termine : quand il y a des sphères d’influence, celles-ci mènent inévitablement à la guerre […] Avec Donald Trump, le monde est assis sur une poudrière". L’Express : Selon vous, Donald Trump est en train de "perdre l’Asie". Pourquoi ? Robert A. Manning : Personne ne l’ignore, depuis la Seconde Guerre mondiale, les États-Unis se sont imposés comme les garants du système multilatéral soutenant la paix et la prospérité non seulement en Europe, mais aussi en Asie. Jusqu’à présent, la position dominante de l’Amérique, tant en termes de sécurité que de commerce, avec des marchés relativement ouverts, a été un véritable moteur de la croissance économique rapide dans la région asiatique - ce que l’on appelle le "miracle asiatique". De fait, le retrait de Donald Trump de ce système multilatéral a généré plus de chaos et d’incertitude qu’à aucun autre moment depuis la Seconde Guerre mondiale, sapant le système d’exploitation asiatique. “ Trump voulait se séparer du reste du monde pour mieux le dominer, il est en train de saboter l’économie mondiale et de marginaliser les Etats-Unis à l’échelle planétaire ” Les politiques tarifaires de Trump et sa volonté de découpler les États-Unis de la Chine - qui représentent à eux deux 43 % du PIB mondial – sont tout simplement en train de faire exploser ce système et, a fortiori, l’Asie dans son ensemble. Pourquoi ? Tout d’abord, parce que la Chine est le premier partenaire commercial de nombreux pays de la région. Le commerce intrarégional représente aujourd’hui près de 60 % du commerce mondial. Si l’économie de Pékin est affectée, celle de ses partenaires asiatiques le sera également. Mais nous avons tendance à trop nous concentrer sur la Chine. Pour comprendre l’ampleur du chaos qui nous attend, nous devons regarder au-delà de la Chine. Comment cela ? Depuis le premier mandat de Donald Trump, marqué par un premier bras de fer commercial et un premier accroissement des droits de douane envers la Chine, des pays comme le Vietnam, la Thaïlande, l’Indonésie et la Malaisie sont devenus des destinations de délocalisation pour de nombreuses entreprises internationales. En clair : au lieu d’opérer en Chine, celles-ci établissent d’autres centres de fabrication qui utilisent et transfèrent des composants chinois - ce que l’on appelle la "Chine + 1", en référence au fait que le lien avec Pékin n’a pas été complètement rompu. Or, Trump a également imposé des droits de douane plus élevés à ces pays, notamment + 46 % contre le Vietnam et + 34 % contre la Thaïlande. Son objectif, énoncé par les fonctionnaires de la Maison-Blanche, est clair : détruire les centres de production régionaux utilisant des composants chinois, et ainsi forcer les pays concernés à réduire leurs relations avec Pékin en échange d’une baisse des droits de douane. L’ennui, c’est que ce faisant, il crée de l’inquiétude, car pour de nombreux pays asiatiques, sa politique tarifaire s’apparente à une déclaration de guerre. Alors ils s’interrogent : les États-Unis sont-ils encore un partenaire fiable ? Peut-on compter sur la parole d’un président qui est prêt à revenir, par exemple, sur des accords de libre-échange avec l’Australie, la Corée du Sud et Singapour ? Son coup de poker sur l’Asie pourrait en fait les pousser à choisir… la Chine ! Quelles seraient les implications à l’échelle régionale ? Nous aurions tort de ne penser la question qu’en termes régionaux. Les États-Unis sont sur le point de se retirer de toutes les institutions multilatérales qu’ils ont contribué à créer. Il ne fait guère de doute que Donald Trump poursuivra sur la voie de l’unilatéralisme. La réponse à votre question dépendra donc de la réaction du reste du monde. Or celui-ci redouble d’efforts pour maintenir l’ordre économique mondial. “ Si la Chine et l’Europe se rapprochent, Trump aura réussi l’exploit de créer un monde post-américain ” La Corée du Sud et le Japon ont déjà rencontré la Chine pour renouveler leurs efforts en vue d’élaborer un accord commercial trilatéral. L’Europe est également en train de conclure des accords avec l’Inde, le Mercosur, l’Asean (NDLR : l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est), et ce dans tous les domaines. Je soupçonne également l’UE d’explorer la possibilité de créer de nouveaux liens économiques avec Pékin. Elle pourrait, par exemple, accorder des licences pour des usines de véhicules électriques et de batteries, comme le font déjà l’Espagne et la Hongrie à titre individuel. Sans parler du fait que, compte tenu de ses besoins en matière de défense et de l’incertitude entourant ses relations avec les États-Unis, l’Europe développe sa propre production de défense et pourrait bien chercher à remplacer l’équipement militaire américain par d’autres fournisseurs. Enfin, la réaction du Japon et de l’Australie à la demande d’adhésion de la Chine au CPTPP (NDLR : un accord de libre-échange entre onze pays de la région Asie-Pacifique) sera un indicateur de la mondialisation post-américaine. Certains suggèrent même que l’Europe pourrait y adhérer. Si la Chine réussit et que l’Europe se joint à elle, cela pourrait favoriser la naissance d’un système commercial mondial renouvelé, voire d’une réforme indispensable de l’OMC. Trump aurait alors réussi l’exploit d’auto-marginaliser l’Amérique à l’échelle planétaire et de créer un monde post-américain… Le rapprochement de certains pays asiatiques avec la Chine était déjà à l’œuvre, dans une certaine mesure, avant le retour de Donald Trump…. Porte-t-il l’entière responsabilité de cette marginalisation de l’Amérique ? Non. Jusqu’à présent, les États-Unis vivaient sur un équilibre fragile. En Asie, l’économie et la sécurité ont tiré dans des directions opposées depuis deux décennies - ce qui n’est pas tenable dans le temps. D’une part, le comportement coercitif de la Chine, notamment dans les mers de Chine méridionale et orientale, a provoqué une réaction brutale ces dernières années. Les sondages montrent que de nombreux pays asiatiques se méfient de plus en plus de la Chine… D’un autre côté, vous avez raison, l’économie a renforcé l’intégration de l’Asie et de la Chine, qui est devenue la première puissance commerciale et le premier créancier. Ce qui a entraîné une réduction de la position économique relative des États-Unis dans la région - les États-Unis ne font pas partie du CPTPP ou du RCEP (NDLR : deux accords de libre-échange regroupant plusieurs pays d’Asie et du Pacifique), les principaux accords commerciaux dans la région Asie-Pacifique… LIRE AUSSI : Donald Trump face à Xi Jinping : les trois folies de sa guerre technologique à la Chine L’Asie ayant connu une croissance beaucoup plus rapide que les États-Unis, ces derniers connaissaient donc déjà un déclin relatif de leur position en Asie. Trump n’a donc pas créé ce qui se passe, mais il l’a indéniablement accéléré. Et cela vaut également pour la situation en matière de sécurité. Ses exigences de plus en plus lourdes en matière de défense à l’égard de ses alliés asiatiques provoquent des tensions. Il s’est notamment plaint que les États-Unis dépensent des centaines de milliards de dollars pour défendre le Japon, auquel il demande maintenant de consacrer 3 % de son PIB à la défense, et 10 % du PIB dans le cas de Taïwan. Donald Trump peut-il ignorer le risque que comporte le "coup de poker" que vous décrivez vis-à-vis des pays asiatiques ? Il y a chez Donald Trump une part substantielle d’incohérence, et un goût certain pour le chaos… En matière de tarifs, sa vision est complètement fantaisiste. Il semble penser qu’il peut les utiliser à la fois comme un bâton et une carotte. Cela n’a aucun sens. Quoi qu’il décide pour la suite, il y aura évidemment des conséquences économiques, à la fois en Asie, mais aussi en Amérique. Selon les dernières prévisions d’avril, le FMI a retranché près d’un point de PIB à la croissance américaine attendue pour 2025. La valeur du dollar est extrêmement volatile. Les entreprises n’investissent pas lorsqu’il y a autant d’incertitude. Et nous savons que ce déséquilibre peut s’aggraver si Trump décide de tweeter l’inverse de ce qu’il disait la veille sur un coup de tête. Ce que fait Trump, c’est tout simplement jouer contre son camp. En a-t-il conscience ? Je ne saurais le dire. Reste qu’entre son objectif affiché et ce que va effectivement produire sa stratégie, il y a un hiatus : le président américain voulait se séparer du reste du monde pour mieux le dominer, il est en train de saboter l’économie mondiale et de marginaliser les Etats-Unis à l’échelle planétaire. A croire qu’il veut faire de l’Amérique un pion à l’échelle du globe… Symptomatique : le Premier ministre singapourien Lawrence Wong évoquait récemment dans un discours un monde "post-américain". C’est tout à fait envisageable avec un Trump au volant… Vous êtes de ceux qui évoquent même le scénario d’un monde dédollarisé… N’est-ce pas pousser trop loin le catastrophisme ? Des droits de douane plus élevés sont censés réduire la demande de devises étrangères et attirer les flux vers les actifs américains. En théorie, le dollar est donc censé prendre de la valeur. Au lieu de cela, il en perd, tout comme les bons du Trésor américain. Le scénario catastrophe de la dédollarisation est encore loin dans le futur. Mais Trump est peut-être en train d’accélérer le processus. La Chine effectue de plus en plus d’échanges commerciaux en RMB (NDLR : la devise nationale de la République Populaire de Chine), le rôle de l’euro en tant que monnaie de réserve pourrait s’accroître… Si les pays asiatiques perdent confiance en l’Amérique, ils pourraient vendre leurs quelque 3 000 milliards de dollars d’obligations du Trésor américain, qui contribuent à financer un déficit budgétaire américain de 37 000 milliards de dollars. Au total, environ un tiers des 29 milliards de dollars des marchés du Trésor américain est détenu par des investisseurs étrangers ! S’ils commencent à retirer leur argent et que les gens achètent de l’or ou se tournent vers d’autres marchés comme l’euro, je pense que c’est l’ensemble du système international du dollar qui est menacé. Donc pour être clair : oui, à long terme, la dédollarisation est possible. Qu’en est-il de Xi Jinping ? A-t-il les moyens d’attirer durablement le reste de l’Asie dans son giron ? La Chine est son propre pire ennemi. Comme je le disais, ses actions coercitives contre l’Inde et en mer de Chine méridionale et orientale ont suscité la crainte chez les pays adjacents - l’Inde, le Vietnam, le Japon, l’Australie, les Philippines – et le désir d’établir davantage de relations sécuritaires avec les États-Unis. Plus important encore : de développer une sécurité intra-asiatique comme cela n’a jamais été le cas auparavant. C’est un premier problème qui pourrait jouer un rôle dans la décision des pays asiatiques, même si Trump souffle le chaud et le froid sur le volet sécuritaire ces derniers temps. Mais le plus important reste que, sur le plan économique, le boom des exportations de la Chine pour compenser sa faible demande intérieure suscite l’inquiétude parmi ses partenaires asiatiques et du Sud. Des dizaines de plaintes ont été déposées auprès de l’OMC et des tarifs douaniers ont été imposés à Pékin par le Brésil, le Vietnam et aussi l’Indonésie. Pour que la Chine puisse convaincre le reste de l’Asie, et donc combler le vide laissé par les Etats-Unis, elle devra engager des réformes. Par rapport à 2018, la Chine a tout de même diversifié ses partenaires et son système d’exportation. De quelles réformes parlez-vous exactement ? D’abord, la Chine est moins en forme que certains le disent. En témoigne la purge qui se déroule au sommet de son armée. Le système chinois dans son ensemble est un bain de corruption, et particulièrement son armée. Si Xi Jinping ne fait pas confiance à ses plus hauts lieutenants, comment pourrait-il mener une guerre existentielle, commercialement comme militairement ? La Chine a ses propres vulnérabilités et contradictions. Même en matière d’économie ! Par exemple, elle n’a pas encore trouvé le moyen de résorber sa crise immobilière qui a détruit une grande partie de la richesse de sa classe moyenne. L’endettement de nombreuses provinces et localités ne cesse de croître. Sans parler du fait que la Chine exporte pour 439 milliards de dollars vers les Etats-Unis. Montant qu’elle ne pourra pas transférer dans sa totalité en Europe et dans les pays du Sud global. C’est pourquoi de nombreux économistes, en Chine et ailleurs, affirment depuis une dizaine d’années que Pékin doit entreprendre des réformes qui stimulent la consommation intérieure. De cette façon, une grande partie de l’excédent pourrait être consommée sur le marché intérieur et les Chinois n’auraient pas besoin de se tourner vers l’exportation. L’ennui, c’est que Xi Jinping accorde plus d’importance au contrôle qu’à la croissance. Ce ne sera donc pas aisé. Mais les droits de douane qui lui ont été imposés pourraient bien forcer le régime à faire les réformes qu’il se refusait à faire jusqu’à présent… D’une certaine façon, on peut voir la situation actuelle comme un gigantesque coup de pouce de Donald Trump à Xi Jinping. Donald Trump semble désormais prêt à rétropédaler sur les droits de douane visant la Chine… Il panique ! Si les gens n’achètent pas de bons du Trésor, comment les Etats-Unis feront-ils pour financer le déficit budgétaire de 37 000 milliards de dollars ? A l’heure où la valeur du dollar baisse alors qu’elle est censée monter, Trump a la trouille que la confiance en les États-Unis en tant que valeur refuge diminue. Le risque n’est pas seulement que le marché boursier s’effondre, mais aussi que la valeur des bons du Trésor chute. Je pense donc que cela effraie son administration. Trump s’est en quelque sorte piégé lui-même parce qu’il ne peut pas renoncer aux tarifs douaniers, c’est toute son identité politique. Il est coincé. Donald Trump nous a habitué à certains revirements… S’il revient bel et bien sur la hausse des droits de douane, que se passera-t-il ? Soyons réalistes : même si Trump réduit les droits de douane contre la Chine de 145 % à 50 %, cela reste une augmentation énorme, le choc psychologique ne disparaîtra pas miraculeusement et cela n’arrêtera pas le processus de marginalisation de l’Amérique. Tout au plus, il le ralentira. Et de toute façon, un accord est plus qu’incertain, compte tenu de l’état toxique des relations sino-américaines, de la diabolisation de la Chine au Congrès, et de l’ambition de Trump de réindustrialiser son pays. Tant pis, d’ailleurs, si l’Amérique a besoin de certains composants chinois - comme des minéraux de terres rares et des aimants que les Américains ne peuvent pas produire. 45 % des importations américaines sont des intrants dont dépendent les entreprises et les fabricants américains. La question est donc plutôt : si le fossé se creuse entre les États-Unis et l’Asie, ce qui est le scénario le plus probable, que se passera-t-il ? Quel est votre pronostic ? Permettez-moi de faire un parallèle : lors de la conférence de Yalta en 1945, les dirigeants des États-Unis, du Royaume-Uni et de l’URSS ont convenu de diviser le monde en "zones d’influence". C’est la logique de l’unilatéralisme de Trump, sa volonté d’annexer le Canada et le Groenland, et de dominer l’hémisphère occidental. Nous sommes peut-être en train de vivre notre propre Yalta sous Donald Trump, chaque puissance se disputant la domination de sa propre région. Sauf que l’on sait comment l’histoire se termine : lorsqu’il y a des sphères d’influence - ce qui est au cœur de l’agenda "America first" - elles conduisent inévitablement à la guerre en raison de la compétition qui s’installe. “ On peut tout à fait imaginer que Donald Trump passe un deal avec la Chine : livrer Taïwan contre un gros pactole de dollars ” Quel est le risque que Taïwan devienne un terrain d’affrontement par procuration entre les Etats-Unis et la Chine ? Question complexe. L’enjeu taïwanais n’échappe pas aux contradictions de l’administration Trump. Certains de ses membres considèrent qu’il est impensable de laisser Taïwan à Pékin. Mais d’autres non. Et Trump, de son côté, ne pense rien ou pas grand-chose de Taïwan. Il accuse Taipei de "voler nos puces", et a d’ailleurs déjà publiquement remis en cause l’idée d’une intervention américaine en cas d’attaque chinoise contre l’île, et même assuré que cette dernière devrait "payer" pour sa défense… Ça ne vous aura pas échappé : Trump a une vision assez simpliste de la réalité. Mais comme il est imprévisible et qu’il existe ces forces contraires au sein de son administration, difficile de juger de ce qu’il adviendra de Taïwan. Mais on peut tout à fait imaginer que Donald Trump passe un deal avec la Chine : livrer Taïwan contre un gros pactole de dollars. Ce n’est qu’un scénario, mais c’est vous dire à quel point les options sont ouvertes à ce stade. Je pense qu’il faut oublier toutes nos vieilles intuitions concernant Taïwan : tout est désormais possible. Lors de notre dernier échange, vous jugiez que "la Corée du Nord pourrait bien être l’allumette qui déclenche un chaos mondial". Est-ce toujours d’actualité ? Dans la mesure où les États-Unis se retirent progressivement de leurs positions dans la région asiatique, cela crée un vide. Trump tentera certainement de conclure un accord nucléaire avec Kim Jong-un. Mais quel accord est possible ? Le dirigeant nord-coréen a tellement amélioré son programme nucléaire et de missiles que la dénucléarisation n’est plus une option. Son nouveau partenariat avec la Russie est l’une des raisons pour lesquelles il est moins intéressé par les relations avec les États-Unis. Mais juste à côté, il y a la Corée du Sud, avec une crise politique, un gouvernement temporaire et des élections qui n’auront lieu qu’en juin. Il en ressortira probablement une victoire du parti démocrate de gauche, moins pro-américain, plus ambigu sur la Chine et très antijaponais. Où cela va nous mener, difficile d’en juger pour le moment. La Corée du Nord, qui s’est montrée plus discrète ces derniers temps, est une sorte de mèche qui n’a pas encore été allumée. Mais la menace est là. Avec leurs armes nucléaires, leurs nouvelles capacités, leurs sous-marins et leurs propres satellites, ils peuvent frapper le continent américain avec des missiles balistiques intercontinentaux à tout instant si le statu quo ne leur convient plus à l’avenir. A un moment ou à un autre, cela deviendra un problème. Mais pour l’heure, la question économique rend la situation aussi illisible qu’instable. Une chose est sûre : avec Donald Trump, le monde est assis sur une poudrière.