Abo Procès à Lausanne – Un technicien en radiologie accusé d’agression sur une patiente L’ex-employé du CHUV conteste des actes sexuels commis à deux reprises. Il concède n’avoir donné qu’un baiser à la plaignante, en pleurs au tribunal. Claude Beda Deux versions s’opposent au Tribunal de Lausanne. Lors de deux passages au CHUV, une patiente aurait subi les pulsions d’un technicien en radiologie (photo d’illustration). KEYSTONE Abonnez-vous dès maintenant et profitez de la fonction de lecture audio. S'abonnerSe connecter BotTalk En bref : La victime témoigne au tribunal contre un technicien du CHUV accusé d’agressions sexuelles. Le prévenu avait déjà reçu un avertissement de la direction pour des actes similaires. L’accusé aurait contraint la patiente à des attouchements lors d’un examen médical. Trois ans plus tard, il l’aurait de nouveau agressée près d’un ascenseur. Dans ce procès embué de larmes, deux versions s’opposent au Tribunal de Lausanne. Lors de deux passages au CHUV, une patiente aurait subi les pulsions d’un technicien en radiologie. Bénéficiant de la présomption d’innocence, il est accusé de contrainte sexuelle et d’actes d’ordre sexuels avec des personnes hospitalisées. Le Ministère public requiert 180 jours-amende à 70 francs, avec sursis pendant deux ans, et une amende de 2500 francs. L’homme devrait encore payer 4000 francs pour tort moral. Au CHUV, des retrouvailles troublantes Il avait rencontré la jeune femme une première fois en 2004 dans les couloirs du CHUV, alors qu’elle accompagnait son père en traitement. «J’ai eu d’emblée une attirance pour elle, un coup de foudre.» Elle avait alors accepté de boire un verre avec lui, mais l’affaire s’était arrêtée là. Puis, ce quadragénaire l’a revue, une quinzaine d’années plus tard, dans ce même hôpital en 2019, où elle était hospitalisée durant quatre jours au Centre de la main pour une intervention chirurgicale. «Je l’ai immédiatement reconnue», explique-t-il. «Moi aussi, dit la plaignante. Il m’avait appelé par téléphone peu après notre première rencontre. Et je lui avais demandé d’arrêter.» Lors de ce séjour hospitalier, la victime a dû subir une IRM, une tâche dont était chargé le prévenu, aux côtés de deux autres employés. Au terme de cette séance d’imagerie, il l’a amenée dans une pièce et a refermé la porte. Elle était en chaise roulante à la suite d’un problème à la colonne vertébrale, vêtue d’une chemise d’hôpital et d’une culotte. Le technicien s’est penché vers elle et l’a prise dans ses bras. Selon l’acte d’accusation, il aurait passé sa main sous sa chemise, lui aurait touché les seins, essayant de l’embrasser sur la bouche, tout en la tenant fermement dans ses bras. Elle aurait eu peur et aurait tourné la tête. Mais il l’aurait embrassée sur le visage et le cou, avant de prendre sa main et de la poser sur son sexe. L’homme, qui ne travaille plus au CHUV, conteste tout, sauf le baiser. «Elle était un peu gênée, mais elle ne m’a pas repoussé.» La femme lui a dit qu’elle ne voulait pas, qu’elle était mariée et qu’elle avait des enfants. «J’ai été stressée et j’ai crié», souligne la plaignante. Le prévenu a finalement cessé ses agissements. Il n’en était pas à son premier coup: le CHUV lui avait déjà donné un avertissement pour des faits similaires sur une autre patiente. Trois ans plus tard, en octobre 2022, la victime a eu plusieurs consultations au Centre de la main. À la fin de l’examen, elle a pris l’ascenseur pour se diriger vers la sortie, en se trompant d’étage et se retrouvant près d’une porte fermée. Lorsqu’elle s’est retournée, elle s’est retrouvée face au prévenu, qui était toujours technicien en radiologie au CHUV. Le prévenu lui aurait parlé, l’aurait serrée dans ses bras et essayé de l’embrasser sur la bouche, en lui disant vouloir «faire des câlins», retient l’acte d’accusation. Par la suite, il l’aurait pris fermement par la main pour l’amener dans une pièce. La plaignante aurait essayé plusieurs fois d’appuyer sur le bouton de l’ascenseur, mais il l’en aurait empêché. Le passage fortuit d’une personne aurait incité l’homme à la lâcher. Elle aurait pris l’ascenseur, puis serait sortie du bâtiment, non sans qu’il la suive encore, jusqu’à l’extérieur du bâtiment où elle fumait une cigarette. Elle a finalement quitté les lieux, posant plainte fin novembre 2022. «Il a profité de son statut» «Êtes-vous conscient que votre fonction pouvait impliquer une domination sur votre patiente?» demande la présidente du tribunal au prévenu. «Je l’ai compris après coup», s’excuse-t-il. L’avocate Zakia Arnouni relève aussi l’état de vulnérabilité de sa patiente: «Dans le silence de l’hôpital, le technicien a profité de la situation et de son statut. Les faits sont graves. Ils ont été répétés trois ans plus tard avec un mode de fonctionnement assez similaire. Que serait-il survenu si une personne n’était pas passée par là?» Pour Emmeline Filliez-Bonnard, avocate de l’accusé, «c’est un cas de parole contre parole»: «La version de mon client n’est pas plus contradictoire que celle de la plaignante, qui n’a dénoncé les faits que trois ans après. Il faut respecter la présomption d’innocence.» Jugement au Tribunal de Lausanne la semaine prochaine. Newsletter «Dernières nouvelles» Vous voulez rester au top de l’info? «24 heures» vous propose deux rendez-vous par jour, directement dans votre boîte e-mail. Pour ne rien rater de ce qui se passe dans votre Canton, en Suisse ou dans le monde. Autres newsletters Se connecter Claude Béda est journaliste à la rubrique vaudoise de 24 heures. Licencié en sciences sociales et politiques, passionné par les sujets de société et la vie des gens d’ici, il a couvert plusieurs régions du canton, avant de rejoindre la rédaction lausannoise. Plus d'infos Vous avez trouvé une erreur?Merci de nous la signaler.