Après un début d'année loué par Wall Street, les Gafam se préparent à des temps bien plus durs

(BFM Bourse) - Alphabet, Meta, Apple, Microsoft et Amazon ont publié leurs résultats. Globalement les cinq grands Gafam ont rappelé à quel point leurs modèles économiques étaient robustes. Mais la suite s'annonce plus compliquée avec l'impact très incertain des droits de douane. Les Gafam, qui représentent quand même cinq des "Sept Magnifiques" de Wall Street (Alphabet, Apple, Amazon, Meta, Microsoft auxquels s'ajoutent Tesla et Nvidia) ont été durement éprouvés par les annonces de Donald Trump. Sur les 100 premiers jours du mandat de l'actuel président américain, ces titres perdaient entre 5% et 15%. Ces actions ont pâti de l'incertitudes causées par les droits de douane, alors que plusieurs de ces groupes sont concernés en premier lieu par ces surtaxes douanières. Selon le cabinet de recherche Counterpoint, 80% des iPhones d'Apple à destination du marché américain sont assemblés en Chine, les 20% restants provenant de l'Inde. Amazon a même été au cœur d'un début de polémique, cette semaine, alors que des informations de presse ont rapporté que la société envisageait d'afficher l'impact des droits sur les prix de certaines des marchandises vendues sur ses sites. L'administration Trump est montée au créneau, qualifiant cette action "d'hostile". L'entreprise a réagi en assurant que cette décision, un temps envisagée, n'avait jamais été validée. Les Gafam ont aussi été pénalisés par un mouvement plus général de fuite des investisseurs des actions américaines vers d'autres titres, notamment les titres européens. >> Accédez à nos analyses graphiques exclusives, et entrez dans la confidence du Portefeuille Trading Une piqure de rappel Mais la saison des résultats a été l'occasion pour les Gafam de rappeler aux investisseurs combien leurs modèles économiques sont robustes. "Les résultats du premier trimestre ont été plutôt bien réussis par les Gafam, qui ont bien navigué au premier trimestre. Ces bons résultats associés au fait que les valorisations avaient bien baissé ont apporté le bon 'mix' pour redonner de l'appétit pour le risque aux investisseurs", souligne Alexandre Baradez, chef de l'analyse de marchés chez IG France. "La majorité des entreprises de tech ayant annoncé des résultats supérieurs aux prévisions pour le premier trimestre de l'année 2025, les investisseurs peuvent pousser un soupir de soulagement", commente de son côté UBS. Alphabet avait déjà donné une première bonne tendance la semaine dernière, son action prenant 1,7% après avoir livré des résultats rassurants. La publicité liée à la recherche en ligne, le cœur du réacteur de sa rentabilité, avait dépassé les attentes tandis que les services informatiques dématérialisés ("cloud") avaient tenu leurs promesses. Cette semaine, les quatre autres Gafam ont livré leurs comptes. À l'exception d'Apple, qui abandonne 4% vendredi (*) à Wall Street, tous les groupes ont passé l'épreuve sans trop d' encombre. Amazon, qui comme Apple a publié ses résultats jeudi soir après la clôture, cède 1,1% alors que ses résultats ont dépassé les attentes. Bank of America a qualifié le trimestre de l'entreprise de Jeff Bezos de "solide", avec un bénéfice de 18,4 milliards de dollars quand les analystes n'attendaient que 17,5 milliards de dollars? et une croissance d'Amazon Web Services en ligne avec les attentes. Meta et Microsoft ont carrément emballé Wall Street. Les deux sociétés ont publié leurs comptes mercredi soir après la clôture du marché. Meta a livré une croissance tonitruante de 16%, ce qui a démontré que la publicité en ligne restait tonique au premier trimestre, et un bénéfice par action en hausse de 37% et supérieur de plus de 20% au consensus. "Nous considérons que Meta est relativement bien positionnée dans un contexte macroéconomique peu favorable, avec de multiples moteurs d'utilisation et une plateforme pilotée par IA qui permet d'améliorer les performances publicitaires par rapport à ses pairs", a conclu Bank of America. Le titre a pris 4,2% jeudi. Microsoft en vedette Et que dire de Microsoft, qui a lui bondi de 7,6% jeudi et gagnait encore 3% ce vendredi. Le spécialiste de l'informatique professionnelle reprend même à Apple la couronne de première capitalisation mondiale, avec une marge de 150 milliards de dollars. Microsoft a dégagé une croissance de 15% sur le troisième trimestre de son exercice 2024-2025, avec un bénéfice par action de 3,46 dollars, quand les analystes attendaient 3,22 dollars. Surtout, sa division de services cloud, Azure, a répondu à toutes les attentes, même les plus optimistes. Cette division reste étroitement scrutée par les analystes car c'est celle qui doit tirer le plus et le plus vite les fruits des lourds investissements (80 milliards de dollars sur l'exercice 2024-2025) du groupe dans l'intelligence artificielle. In fine, Azure a affiché une croissance de 33% et même de 35% hors effets de changes. "Cela a été de la musique aux oreilles des investisseurs misant sur la hausse du titre, car Microsoft a dépassé les attentes des marchés avec une nouvelle accélération de la croissance d'Azure en cette période d'incertitude", apprécie Dan Ives de Wedbush. "Nous voyons Microsoft comme le seul leader en matière d'IA, tant pour les applications que pour l'infrastructure", tranche de son côté Bank of America. "Les excellents résultats trimestriels de Meta et de Microsoft ont ravivé la confiance dans le leadership technologique américain et, par extension, prolongé rebond des actions américaines qui s'est amorcé après le choc tarifaire du 2 avril", juge Stephen Innes, de Spi AM. Vers un deuxième trimestre difficile Reste que si ces résultats ont donc été globalement bons, l'horizon s'avère bien moins dégagé et plus incertain pour le trimestre en cours avec les droits de douane. "Il y a vraiment deux paysages, deux histoires, avec d'un côté un premier trimestre bon mais révolu et de l'autre un deuxième trimestre plus difficile à lire, qui sera plus compliqué avec le début de l'impact des droits de douane, notamment sur les budgets publicitaires", pointe Alexandre Baradez. "Par exemple, la directrice financière de Meta, Susan Li, a indiqué que la visibilité était mauvaise sur ce trimestre", ajoute-t-il. Amazon a de son côté déçu les marchés avec ses perspectives prudentes pour le trimestre en cours. Le géant du e-commerce a indiqué viser un résultat opérationnel compris entre 13 milliards et 17,4 milliards de dollars, quand le consensus se situait à 17,6 milliards, selon Bloomberg. Apple , lui, bien souligné l'absence de visibilité auquel il fait face. Son directeur général, Tim Cook, a indiqué qu'en l'état des choses, les droits de douane auraient un impact de 900 millions de dollars sur les coûts du groupe à la pomme sur le trimestre en cours. S'il a expliqué que l'entreprise comptait désormais produire la majorité des iPhone commercialisés aux États-Unis en Inde, il n'a pas été en mesure de donner plus d'indications aux analystes pour la suite de l'année. "Je pense que les incertitudes sur ce qui se passera au-delà du trimestre clos en juin sont à l'origine de la souffrance de l'action Apple à Wall Street (…) six des vingt questions d'analystes lors de la conférence ont porté sur les perspectives au-delà de cet horizon, et aucune n'a trouvé de réponse définitive", a jugé Gene Munster, gérant chez Deepwater AM, dans une vidéo postée sur X. "Je pense que cela a ajouté de la nervosité dans les projections des investisseurs", ajoute-t-il. (*) Cet article a été rédigé vendredi peu après la clôture des marchés européens.