Harvey Weinstein rejugé pour viol et agression sexuelle, son avocat veut croire à un procès " très différent "

Déjà condamné à 16 ans de prison en Californie, l’ex-producteur roi du cinéma Harvey Weinstein est rejugé par la cour pénale de Manhattan pour trois autres accusations. JUSTICE - L’ex-producteur roi du cinéma Harvey Weinstein, dont la chute a entraîné en 2017 le début de la vague mondiale #MeToo, va être rejugé à partir de ce mardi 15 avril à New York pour agression sexuelle et viol après l’annulation retentissante de sa condamnation l’année dernière. Cette annulation décidée fin avril 2024 par la cour d’appel de New York a été vécue comme une gifle pour le mouvement de lutte contre les violences sexuelles et sexistes et la prise en compte de la parole des victimes par la justice. L’ancien patron de Miramax, qui régnait sur le cinéma indépendant, comparaîtra pour l’agression sexuelle de l’ancienne assistante de production Mimi Haleyi, en 2006, le viol de l’aspirante actrice Jessica Mann, en 2013, et une nouvelle inculpation pour une agression sexuelle présumée en 2006 dans un hôtel de Manhattan. Le procès, prévu pour durer jusqu’à six semaines devant la cour pénale de Manhattan, commence mardi par la sélection du jury, qui pourrait s’étaler sur cinq jours selon le juge Curtis Farber. Harvey Weinstein, 73 ans, espère que l’affaire sera « regardée avec un œil neuf », plus de sept ans après les enquêtes du New York Times et du New Yorker à l’origine de sa chute et d’une onde de choc planétaire qui a libéré la parole de nombreuses victimes et contraint les sociétés à de profondes remises en question sur la place des femmes. Toujours détenu - il a aussi été condamné à seize ans de prison en 2023 en Californie pour viol et agressions sexuelles en 2013 sur une actrice européenne - le producteur d’innombrables succès du cinéma (Sexe mensonges et vidéo, Pulp Fiction, Shakespeare in Love) est apparu aux dernières audiences diminué par la maladie, chauve, pâle et poussé sur une chaise roulante. « Ce sera très différent », veut croire son avocat Arthur Aidala, promettant un procès « sur les faits et pas sur #MeToo ». « Il y a cinq ans, il y avait des manifestations, des gens qui scandaient “c’est un violeur” (...) les gens étaient tellement contre lui », ajoute-t-il. « Je pense que tout cela est retombé », assure celui qui a aussi représenté Rudy Giuliani, l’ancien avocat de Donald Trump. Décrit par ses accusatrices comme un prédateur qui jouait de sa stature d’homme tout-puissant du cinéma pour obtenir des faveurs sexuelles d’actrices ou d’assistantes, le plus souvent dans des chambres d’hôtel, Harvey Weinstein n’a jamais reconnu d’agression et toujours assuré que les relations étaient consenties. Les films produits par Miramax, fondé par les frères Bob et Harvey Weinstein et qui avait été racheté par Disney, ont remporté de nombreux Oscars. À partir de sa chute, Harvey Weinstein a été accusé par plus de 80 femmes de harcèlement, agression sexuelle ou viol, dont les actrices Angelina Jolie, Gwyneth Paltrow ou Ashley Judd. En 2020, le jury new-yorkais avait reconnu le producteur coupable de deux chefs d’accusation sur cinq, l’agression sexuelle de Mimi Haleyi et le viol de Jessica Mann. Mais le procès et la peine de 23 ans de prison ont été annulés en avril 2024. Dans une décision très débattue (quatre voix pour, trois contre), la cour d’appel de New York a jugé que des témoignages de victimes sur des agressions sexuelles pour lesquelles Harvey Weinstein n’était pas inculpé n’auraient pas dû être entendus par les jurés au procès. « C’est vraiment une illustration des défis que les victimes doivent affronter dans leur quête de justice », souligne Laura Palumbo, du Centre national de ressources sur les violences sexuelles à l’AFP. Les trois victimes présumées devraient témoigner à nouveau au tribunal dans les semaines à venir. Depuis 2017, la déflagration #MeToo s’est poursuivie dans de nombreux pays, dont la France, où le monde de la culture a été contraint à l’introspection après les accusations de l’actrice Judith Godrèche contre les cinéastes Benoît Jacquot et Jacques Doillon. Rendu public mercredi, un rapport parlementaire a dressé un constat accablant de violences « systémiques » et « endémiques » dans la culture en France. 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