Le président français, venu constater l’ampleur des dégâts suite au passage de Chido le 18 décembre, avait promis aux Mahorais de revenir pour « lancer le temps de la reconstruction », a rappelé la présidence. Emmanuel Macron débute, ce lundi, à Mayotte une tournée de cinq jours dans l’océan Indien. Le chef de l’État, déjà confronté à l’impatience et la colère des Mahorais en décembre, risque de se heurter au même climat lors de ses échanges avec la population et les élus. Quatre mois après le passage du cyclone, qui a fait 40 morts et causé quelque 3,5 milliards d’euros de dommages , les habitants du département le plus pauvre de France, déjà fragilisé par une forte pression migratoire venue des Comores, peinent à entrevoir le bout du tunnel, au-delà des travaux d’urgence pour rétablir l’eau, l’électricité et les télécommunications. Emmanuel Macron s’est engagé à rebâtir l’habitat et les infrastructures de Mayotte sur le modèle de la cathédrale Notre-Dame, avec des règles spéciales et des délais raccourcis. « On voit encore des montagnes de déchets, des fils électriques par terre, des toits à l’air libre », déplore le maire de Mamoudzou, Ambdilwahedou Soumaïla. « Mayotte doit être plus belle demain qu’elle n’a été même avant le cyclone parce qu’il y avait déjà un territoire qui était en pleine fragilité », assure l’Élysée. À lire sur le sujet Loi sur la reconstruction de Mayotte : ce que contient le texte Un projet de loi de « refondation », censé rattraper le retard de développement du territoire et lui permettre de se relever après la catastrophe, doit être présenté « prochainement » en Conseil des ministres en vue d’une adoption d’ici l’été, poursuit la présidence. Emmanuel Macron s’entretiendra aussi avec les responsables de la lutte contre l’immigration clandestine qui reste un défi majeur, alors que le Parlement vient d’adopter un texte très contesté durcissant les restrictions au droit du sol à Mayotte. Mardi et mercredi matin à la Réunion Dans la foulée, il rejoindra l’autre département français de la région, La Réunion, également frappé par de violents aléas climatiques et une épidémie de chikungunya, une maladie infectieuse transmise par le moustique tigre. Le cyclone Garance y a fait cinq morts le 28 février et généré près de 250 millions d’euros de dégâts, dont 150 pour le seul secteur agricole, selon de premiers bilans. Le président, qui restera mardi et mercredi matin à la Réunion, abordera aussi les enjeux sanitaires liés au chikungunya qui a fait six morts sur l’île depuis le début de l’année. À lire sur le sujet Chikungunya : six décès à La Réunion depuis le début de l’année Il va aussi réaffirmer le « rôle stratégique de La Réunion dans la zone indo-pacifique » où la France entend s’imposer comme un acteur majeur grâce à ses multiples territoires et son immense espace maritime, le deuxième du monde derrière les États-Unis. La Réunion abrite une base navale dans une zone stratégique pour le passage du commerce international, qui renferme aussi de nombreuses richesses en hydrocarbures et halieutiques et attise les rivalités entre grandes puissances. Dans ce contexte, les visites que le président effectuera ensuite à Madagascar et à l’île Maurice visent à « valoriser nos intérêts partagés », résume l’Élysée. Renforcer coopérations et alliances dans la région Emmanuel Macron entend renforcer coopérations et alliances dans la région en temporisant sur les multiples points de friction hérités de la décolonisation. À Madagascar, où la dernière visite bilatérale d’un président français remonte à 2005 avec Jacques Chirac, l’accent sera mis mercredi sur le renforcement des échanges commerciaux et des investissements. Parmi les sujets qui fâchent, les îles Éparses, territoire français revendiqué par Madagascar, seront « évoquées » par le président français et son homologue Andry Rajoelina, avec l’idée de relancer la Commission mixte sur l’avenir de l’archipel initiée en 2019, pointe sobrement l’Élysée. La question de l’intégration de Mayotte à la Commission de l’océan Indien (COI), instance de coopération intergouvernementale qui réunit Madagascar, l’île Maurice, l’Union des Comores, les Seychelles et La Réunion pour la France, sera l’autre sujet délicat. Les Comores ne reconnaissent pas la souveraineté de la France sur Mayotte et s’opposent à son entrée dans la COI, réclamée par les Mahorais. Emmanuel Macron évoquera le sujet de façon « pragmatique » au cinquième sommet de la COI, ce jeudi, à Madagascar, « l’enjeu étant d’arriver à progresser sur l’inclusion de Mayotte dans les programmes » de coopération de l’organisation, a tout aussi sobrement esquissé l’Élysée.