Frédéric Dugré, président et chef de la direction d'H2O Innovation, et Alexandre Guindon, directeur général de l'incubateur 2 Degrés, donne une première vie au Carrefour de l'eau. (Frédéric Matte/Le Soleil) Près de la salle du Quai du Cap Blanc en bordure du boulevard Champlain trône l’usine mobile de recyclage des eaux usées développée par H2O Innovation. Une vitrine servant à démontrer le potentiel que pourrait avoir le Carrefour de l’eau une fois érigé. La création d’un pôle d’expertise dans le secteur de l’eau a germé dans la tête des instigateurs du projet en 2014. L’objectif étant de réunir sous un même toit toutes les expertises afin de créer de nouvelles technologies dans le secteur de l’eau. Laboratoires de recherche, banc d’essai, usine de recyclage de l’eau et centre d’interprétation ouvert au public figurent sur la maquette. Le déploiement du projet en taille réelle est prévu pour 2028. La maquette du Carrefour de l'eau tel que l'ont imaginé les instigateurs du projet. (Frédéric Matte/Le Soleil) «C’est une vague qui s’en vient par rapport aux technologies de l’eau. [...] Avec le Carrefour de l’eau, on veut être en amont de la vague et dès qu’elle arrive, on va être debout sur la planche de surf», lance le directeur général de l’incubateur 2 Degrés, Alexandre Guindon, aux côtés de l’un de ses partenaires dans l’aventure, Frédéric Dugré, président et chef de la direction d’H2O Innovation. Avant d’y arriver, les alliés doivent toutefois convaincre des investisseurs publics et privés d’embarquer dans ce projet évalué à 150 millions de dollars. «C’est le financement entre autres qui est un gros morceau. On est beaucoup là-dedans en ce moment. On ne se le cachera pas», admet M. Guindon, soulignant toutefois que des mains sont déjà levées. Ce dernier n’a pas voulu s’avancer sur le montant qu’il reste à attacher. «Cette roulotte va devenir un premier banc d’essai pour démontrer, dérisquer et développer des innovations.» — Alexandre Guindon, directeur général de l’incubateur 2 Degrés L’Institut national de la recherche scientifique (INRS) y mènera des recherches cet été, tandis que le Centre des technologies de l’eau (CTEAU) y formera de nouveaux techniciens. L’usine mobile sera également raccordée à la station Est de traitement des eaux usées de la Ville de Québec dans le cadre du projet pilote. L'usine mobile deviendra une vitrine technologique ouverte au grand public. (Frédéric Matte/Le Soleil) C’est sans compter la mise sur pied d’un programme d’incubation d’entreprises spécialisées dans ce créneau. Trois à cinq jeunes pousses feront partie de la première cohorte, qui sera annoncée dans les prochaines semaines. «Sensibiliser, démontrer, faire les premières publications de recherche et de case study vont amener tout de suite des yeux», laisse entendre M. Dugré, qui veut rallier des joueurs importants autour du Carrefour. Des millions en retombées D’après les architectes de ce projet, il est temps de changer la façon de gérer l’eau au Québec. «C’est facile d’y avoir accès, mais on en fait peut-être un usage négligé. On est les plus grands consommateurs et gaspilleurs d’eau au monde. C’est un paradigme dans lequel on ne peut pas continuer de vivre en faisant semblant de rien», mentionne Frédéric Dugré. H2O Innovation a d’ailleurs réalisé plusieurs usines de recyclage des eaux usées aux États-Unis, de San Diego à Los Angeles en passant par El Paso. Aux dires de M. Dugré, il est nécessaire de voir le potentiel de cette ressource naturelle. «L’eau usée n’est pas une fin. C’est le début d’autre chose. [...] On peut l’utiliser à des fins commerciales ou industrielles. Même à des fins d’eau potable à certains endroits», souligne-t-il. H2O Innovation a d’ailleurs réalisé plusieurs usines de recyclage d’eau aux États-Unis de San Diego à Los Angeles en passant par El Paso. (Frédéric Matte/Le Soleil) Le Carrefour de l’eau devrait générer des retombées de 120 millions pendant sa phase de construction, d’après l’étude économique réalisée par AVISEO. Ses retombées annuelles sont chiffrées à un peu plus de 22 millions par la suite. «Avec tout enjeu vient une opportunité. L’enjeu est énorme et l’opportunité d’autant plus pour le Québec», est persuadé M. Guindon, affirmant que le Carrefour de l’eau mènera à la création d’entreprises et risque d’en attirer également. Alexandre Guindon souhaite que Québec devienne «une plaque tournante» dans le développement de technologies de l'eau. (Frédéric Matte/Le Soleil) CE QU’ILS ONT DIT «Plus que jamais, nous avons besoin d’organisations qui repoussent les limites technologiques et qui contribuent à relever les nombreux défis liés à la gestion optimale de nos ressources.» – Bruno Marchand, maire de Québec «Ce projet incarne l’audace et l’innovation qui sont au cœur de notre vision: bâtir un avenir où le développement économique et la protection de nos ressources naturelles vont de pair.» – Olga Farman, PDG du Port de Québec «Le Carrefour de l’eau vise l’accélération de l’innovation en eau. La proximité entre le monde académique, les bancs d’essai et les entreprises créée un environnement unique et propice à l’émergence de nouvelles technologies.» – Édith Laflamme, directrice générale du Centre des technologies de l’eau (CTEAU)