Santé: le vernis semi-permanent représente un risque de cancer

Beauté et santé – Le vernis semi-permanent représente un risque de cancer Ils sont à la mode, mais ces ongles colorés présentent des dangers, jusqu’à celui de cancer lié aux UVA. Explications et conseils d’une experte. Caroline Zuercher La dermatologue Konstantine Buxtorf recommande de porter des gants pour se protéger durant la pause du gel ou du vernis permanent. Et de limiter ces séances. TDG / Pascal Frautschi Abonnez-vous dès maintenant et profitez de la fonction de lecture audio. S'abonnerSe connecter BotTalk En bref : Les lampes UV utilisées pour le vernis semi-permanent augmentent le risque de cancer cutané. La destruction complète de l’ongle peut survenir en cas d’allergie aux produits. Les dermatologues recommandent le port de gants en coton pendant l’application et de limiter l’utilisation. Il fait des ongles parfaits et assure de jolies mains durant deux à trois semaines. Le vernis semi-permanent connaît un succès croissant. Mais les médecins appellent à la prudence, car cet accessoire beauté peut poser plusieurs problèmes de santé. Le plus grave est le risque de développer un cancer de la peau. Il y a deux ans, en France, l’Académie nationale de médecine publiait une mise en garde sur le sujet. «Depuis, la situation n’a pas beaucoup évolué et je n’ai pas l’impression qu’il y ait de prise de conscience, regrette Konstantine Buxtorf. Les habitudes des femmes n’ont pas du tout changé, et beaucoup utilisent cette solution toute l’année. Il n’y a pas non plus de réglementation, ni de prévention.» Dermatologue à Genève, la doctoresse propose aussi une consultation spécialisée pour les ongles. Des problèmes, elle en voit donc passer. Elle précise qu’ils concernent les vernis semi-permanents, mais aussi l’utilisation du gel. Et pointe du doigt les produits utilisés et la technique, en particulier l’utilisation d’une lampe UV. Il existe tout d’abord un risque d’infection, transmise par des soins effectués avec des instruments mal entretenus. Ensuite, il y a le danger de développer une allergie. «Celle-ci peut conduire à une destruction complète de l’ongle, prévient Konstantine Buxtorf. Les femmes concernées n’ont plus d’ongle durant plusieurs mois.» Ce problème serait plus important qu’avec les vernis classiques, qui sont moins agressifs. «Avant de poser un gel, on décape aussi un peu l’ongle, détaille la doctoresse. Le produit pénètre ainsi davantage. Cela peut favoriser l’allergie, ce d’autant plus que le vernis semi-permanent est composé de plus de substances potentiellement allergènes (résine, diluants…).» Cancer de la peau Le dernier danger est celui de cancer de la peau. Une lampe qui combine LED et UV est utilisée pour le séchage ainsi qu’entre les quatre couches de vernis appliquées. Or cette émission de rayons UV de type A (UVA) pose problème. Ces rayons favorisent le vieillissement, mais aussi, et surtout, le cancer de la peau. L’Académie nationale (française) de médecine précise qu’une étude expérimentale, dans laquelle la lampe a été appliquée sur des cellules de la peau, «apporte des preuves concrètes» sur leur risque cancérigène. Elle note encore que les risques semblent avant tout liés à trois facteurs: le fait que l’utilisation commence à un jeune âge, que les séances soient rapprochées et que l’exposition dure plusieurs années. Dans sa consultation, Konstantine Buxtorf compte trois femmes de 80 ans et plus qui ont recouru au gel durant de longues années et qui, aujourd’hui, ont des cancers importants sur les mains et les pieds. Ces patientes, précise-t-elle, se sont aussi exposées au soleil et certaines sont souvent allées au solarium. Difficile, dès lors, de savoir quelle est la responsabilité de chaque facteur dans le diagnostic final. «Les techniques utilisées pour la beauté des ongles s’inscrivent dans un tout», résume la dermatologue. Toujours est-il que les lampes UV peuvent surtout provoquer des carcinomes, et «ceux-ci explosent». Si ces carcinomes peuvent être traités, la seule solution passe par la chirurgie. Ce qui pose deux problèmes. Primo, les dermatologues ont du mal à suivre la demande. Deuzio, ces interventions laissent des cicatrices. Selon Konstantine Buxtorf, un nouveau procédé a été développé, dans lequel seule une lampe LED est employée. Mais dans les ongleries, on recourrait toujours à la solution classique. Dans ces conditions, la dermatologue fait de la prévention à son niveau, auprès de ses patientes. «C’est notre seul moyen pour communiquer nos craintes, explique-t-elle. Mais c’est compliqué. Les ongles longs et décorés sont très prisés sur les réseaux sociaux. Pour les jeunes filles, notamment, c’est devenu un accessoire de mode.» Conseils pour se protéger Son premier conseil est de protéger la peau quand on pose sa main sous une lampe UV. Une option peut être de mettre de la crème solaire (facteur 50) vingt minutes avant l’exposition. Konstantine Buxtorf en privilégie toutefois une autre, qui consiste à porter des gants en coton. On peut en acheter dans le commerce, et couper soi-même le bout des doigts. La médecin trouverait d’ailleurs opportun de mener une campagne de prévention auprès des ongleries pour qu’elles mettent des gants à disposition de leurs clientes. «Ils ne coûtent pas cher et on peut les laver», argumente-t-elle. Pour limiter les problèmes à venir, il faudrait aussi éviter de recourir en permanence au gel ou au vernis semi-permanent. «On pourrait le faire uniquement durant les trois mois d’été», suggère Konstantine Buxtorf, dont l’objectif est de trouver un compromis entre coquetterie et santé. Car elle comprend aussi que ses patientes aient envie d’être belles jusqu’au bout des mains et des pieds. Le cancer de la peau en Suisse Abo Maladie grave Pourquoi les Suisses sont toujours champions des cancers de la peau? Newsletter «Dernières nouvelles» Vous voulez rester au top de l’info? «Tribune de Genève» vous propose deux rendez-vous par jour, directement dans votre boîte e-mail. Pour ne rien rater de ce qui se passe dans votre canton, en Suisse ou dans le monde. Autres newsletters Se connecter Caroline Zuercher est journaliste à la rubrique Suisse depuis 2005. Elle couvre en particulier les sujets liés à la santé et à la politique de santé. Auparavant, elle a travaillé pour Swissinfo et Le Matin. Plus d'infos Vous avez trouvé une erreur?Merci de nous la signaler.