En plus de signer le scénario, Gabrielle Côté incarne une joueuse de roller derby dans Les Furies. Après Les Boys, voici le film Les Furies : une toute première comédie sportive québécoise au féminin, en patins toujours, mais à roulettes cette fois, dont le tournage débute dans quelques jours. L’entraînement, commencé quant à lui depuis plusieurs mois, va plutôt bon train, a-t-on pu constater plus tôt cette semaine. Ne s’improvise pas joueuse de roller derby qui veut ! C’est le constat qui saute à l’esprit, à voir l’improbable équipe, assemblée par Gabrielle Côté (dont c’est l’idée originale), composée entre autres d’Anne-Élisabeth Bossé, Juliette Gosselin, Debbie Lynch-White, Samantha Fins et Sandrine Bisson, dirigée par – plus improbable encore – France Castel. PHOTO FLORIAN LEROY, COLLABORATION SPÉCIALE Samantha Fins PHOTO FLORIAN LEROY, COLLABORATION SPÉCIALE Anne-Élisabeth Bossé PHOTO FLORIAN LEROY, COLLABORATION SPÉCIALE Nathalie Doummar PHOTO FLORIAN LEROY, COLLABORATION SPÉCIALE L’équipe des Furies. Derrière : Mélanie Charbonneau (réalisatrice), Anne-Élisabeth Bossé, Lyraël Dauphin, Ximena Ferrer, Debbie Lynch-White, Gabrielle Côté (scénariste et comédienne), France Castel. Devant : Nathalie Doummar, Juliette Gosselin, Sandrine Bisson, Aurélia Arandi-Longpré et Samantha Fins. 1 /4 Un intéressant « contre-emploi » du propre avis de la prolifique comédienne, ici en ex-championne de roller derby malcommode, « pas du tout coquette, toujours de mauvaise humeur, qui bosse tout le monde. Une belle rebelle ! résume-t-elle en nous faisant un clin d’œil, en marge de l’entraînement. Je pense que j’ai tout ce qu’il faut pour jouer ça ! » Jouer quoi ? En gros, Les Furies, qui réunira en outre Antoine Bertrand, Nathalie Doummar, Ximena Ferrer, Aurélia Arandi-Longpré, Lyraël Dauphin, Antoine Pilon et Maxime de Cotret, à l’affiche l’automne prochain, racontera l’arrivée d’une équipe semi-professionnelle de hockey masculine dans la petite ville de Waterloo laquelle tassera au passage toutes les équipes féminines et de garage du coin. Déterminées à continuer de jouer (et de se défouler), les filles vont se retrousser les manches, ou plutôt enfiler des patins (à roulettes), comprend-on, et se bricoler une équipe clandestine de roller derby. PHOTO FLORIAN LEROY, COLLABORATION SPÉCIALE France Castel Sous la couverture d’un premier film sportif, il y a aussi beaucoup de solidarité féminine. […] Ce sont des femmes qui se dépassent, qui s’unissent, qui disent : nous aussi, on est capables ! Et ça, ça m’a vraiment parlé ! France Castel D’ailleurs, le saviez-vous ? France Castel, qui a aujourd’hui 80 ans (tout comme son personnage), s’est battue pour jouer au hockey à l’adolescence, à une époque où les filles étaient plutôt reléguées au patin « de fantaisie ». Elle a même été gardienne de but. « Au couvent des Sœurs de Sainte-Anne, à Saint-Gabriel-de-Brandon, se souvient-elle, pas peu fière. J’avais insisté auprès des sœurs, pour qu’on ait une équipe féminine de hockey ! […] On était tannées de faire les petites filles en jupette ! […] La source du feu de mon personnage, elle vient de là ! » La verra-t-on patiner dans le film ? L’histoire ne le dit pas, mais on se permet d’espérer. PHOTO FLORIAN LEROY, COLLABORATION SPÉCIALE Gabrielle Côté signe le texte, Mélanie Charbonneau la réalisation. Dans le paysage québécois, il manquait une comédie sportive spécialement féminine. Gabrielle Côté, scénariste et comédienne Gabrielle Côté, qui signe ici son premier scénario, en plus d’interpréter une des joueuses, a grandi avec les Mighty Ducks, A League of Their Own (Une ligue en jupons) et autres Sink or Swim (Le grand bain). « Et j’ai vu Les Boys, enfant, au moins deux mille cinq cents fois ! […] Les comédies sportives, c’est vraiment rassembleur. […] Mais moi, en tant que sportive, je ne me suis jamais vue à l’écran. « Quand on représente le sport chez les femmes, c’est soit pour parler d’athlètes d’élite, ou alors pour parler de fitness. Je revendique le droit d’être juste ordinaire, d’être là parce qu’on a du fun, et en gang ! » dit celle qui est aussi gardienne de but au hockey dans ses temps libres (depuis qu’elle a 6 ans !). Des « bêtes de comédie » Pourquoi le roller derby, au juste ? C’est en visionnant par hasard le film américain Whip It (2009) que la scénariste a eu une révélation : « Le pouvoir de la fiction, poursuit-elle. Je voulais être dans cette gang [de roller derby] ! C’est quoi, ce sport, je ne connais pas ça ! Un sport de contact, avec un côté badass, pas un sport esthétique […] Je me suis reconnue là-dedans, je voulais être là-dedans ! » PHOTO FLORIAN LEROY, COLLABORATION SPÉCIALE Juliette Gosselin et Ximena Ferrer Elle s’est inscrite au camp d’entraînement de Montréal Roller Derby (la ligue locale), pour apprendre, en trois mois, à freiner, à tomber et à plaquer. Verdict ? « C’est toffe ! » Surtout : « C’est là-dessus que je dois écrire, réalise-t-elle. Le roller derby, c’est rafraîchissant ! » Et cela réunit en outre une palette de personnes variées, toutes plus rafraîchissantes les unes que les autres, justement. Pour les incarner, Gabrielle Côté est allée chercher des « bêtes de comédie », comme elle dit, « et on les a mises sur des patins ! » Ce qui n’est pas un mince défi, faut-il le signaler. Pour ce faire, l’équipe s’entraîne d’ailleurs plusieurs fois par semaine depuis le mois de décembre. Et ça paraît, à les voir patiner devant nous en rond, effectuer ici ou là quelques figures avec assurance, dans la bonne humeur. « On a appris ce sport ensemble, poursuit-elle. Toute la gang. Et ça a été exigeant. On a travaillé fort, on est tombées, on s’est relevées ! L’esprit d’équipe s’est bâti au cours de ces mois-là. » PHOTO FLORIAN LEROY, COLLABORATION SPÉCIALE La réalisatrice Mélanie Charbonneau s’adresse aux actrices en compagnie de professionnelles du roller derby. « C’est un exercice qui prend beaucoup d’humilité ! », confirme Anne-Élisabeth Bossé (Nos belles-sœurs), qui avait une petite base de patinage artistique, mais « beaucoup à apprendre » quand même. « Et j’adore travailler avec des groupes de femmes, dit-elle. On tisse des liens très vite ! » Quant au scénario, « au-delà de la solidarité, il y a quelque chose de vintage et de réconfortant. […] Les modèles badass pour les jeunes filles, c’est vraiment chouette. Et puis c’est surtout une comédie, un film pour rire ! », rappelle-t-elle. À noter que c’est à Mélanie Charbonneau (Fabuleuses) que l’on a confié la réalisation, elle-même également une grande sportive. Elle s’attaque au projet, avec « excitation », sachant qu’il y aura plusieurs défis techniques associés. « C’est tripant, on va avoir des opérateurs sur patins, sur Segway, on essaye plein d’affaires ! » Sans parler de toutes les scènes chorégraphiées. Sécurité oblige, chaque comédienne aura aussi une doublure, pour les figures plus pointues. « C’est une grosse aventure, résume-t-elle, et pour moi, c’est un projet bonbon. C’est un film qui va faire du bien et je pense que présentement, on en a grand besoin ! » À l’affiche l’automne prochain