window.actu.pub.adUnitsOnPage.push("atf_pave-haut");Hydrologue, directeur du Centre international UNESCO sur l’eau de Montpellier, le professeur Eric Servat, directeur de recherche à l’IRD et Professeur associé à l’Université de Montpellier, est un expert mondialement reconnu dans le domaine de l’eau. Le scientifique sort le 14 mai un livre à destination du grand public, « Le Grand Défi de l’eau », aux éditions Harper Collins. Dans cet ouvrage, sous-titré « le plaidoyer d’un hydrologue pour la raison, l’espoir et l’action », Eric Servat plaide pour un plan d’action réfléchi et orchestré à l’échelle planétaire. Il en appelle à l’intelligence collective pour apporter des réponses et déployer les solutions (« elles existent », assure-t-il) qui permettront à l’humanité de s’adapter. Il faut agir, goutte que goutte…Le 14 mai, votre premier livre sort dans les librairies. Pourquoi un livre maintenant ? Parce que la question de l’avenir de la planète, et notamment celle de l’humanité, est indissociablement liée à la problématique de l’eau. Chaque citoyen a déjà pu mesurer à quel point la question de l’eau, de sa disponibilité ou non, de sa qualité, de son usage au quotidien, de la possibilité qu’elle devienne de plus en plus rare, est devenue absolument incontournable. C’est même, selon moi, la question majeure actuelle car sans eau, pas de vie, l’équation est aussi simple que cela… Or, les réponses collectives tardent à arriver. Les choses avancent, nous y reviendrons, mais très, trop lentement. La réponse globale n’est pas à la hauteur des enjeux. Mais il faut avancer. Ce livre est un ouvrage pour le grand public, car je crois sincèrement qu’il faut amener de l’information fiable à chaque citoyen. Aujourd’hui, il y a un manque. À lire aussi Hérault. Prélèvements et usage de l’eau : le préfet dévoile son nouveau « plan sécheresse » window.actu.pub.adUnitsOnPage.push("Inread_1");Vous décrivez votre livre comme un plaidoyer. Vous pensez qu’il faut encore convaincre les dirigeants du monde que l’action est nécessaire ? Ne sont-ils pas déjà au courant ? Ils le sont, mais la question de l’eau est encore trop banalisée, voire invisibilisée. Je prends un exemple : vous connaissez les COP dédiées à la lutte contre le réchauffement climatique ou à la biodiversité, mais pas de COP dédiée à l’eau. Et dans les COP existantes la question de l’eau est à peine abordée. Une anecdote illustre parfaitement le manque de prise en compte planétaire de la question sur l’eau : en 2023, les Nations-Unies ont organisé une conférence internationale sur l’eau. La précédente remontait… à 1977 ! Près de cinquante années entre ces deux événements, c’est dire le manque de considération du sujet…Pour vous, l’eau n’a pas la place qu’elle devrait avoir ?Tout à fait ! L’eau est « invisibilisée », même en France : il n’y a pas un ministère de l’eau, ni même un sous-secrétariat d’Etat chargé de cette problématique… L’eau est noyée, si l’on peut dire, dans les vastes attributions du ministère de la transition écologique. Pourtant l’accès à l’eau est un problème autant national que mondial. Aujourd’hui, plus de 3 milliards de personnes ne peuvent pas se laver les mains comme et quand il le faudrait, et 2 milliards n’ont à leur disposition qu’une eau contaminée par des matières fécales. Et les besoins continuent d’augmenter, année après année, ne serait-ce qu’en raison de la croissance démographique qui verra la population mondiale passer d’un peu moins de 8 milliards d’êtres humains en 2020 à près de 10 milliards en 2050, soit 25% d’augmentation. Si l’on regarde ce qu’il se passe en France, des territoires souffrent du manque d’eau, comme les Pyrénées-Orientales. Dans l’Hérault et le Gard, par exemple, des villes se sont retrouvées à sec à cause des sécheresses de 2022 et 2023, il a fallu les ravitailler avec des camions -citernes… Donc, oui, la réponse actuellement apportée à la question de l’eau n’est pas à la hauteur des enjeux, ni en France ni ailleurs.window.actu.pub.adUnitsOnPage.push("Inread_2"); Eric Servat : « L’eau est invisibilisée, même en France : il n’y a pas un ministère de l’eau, ni même un sous-secrétariat d’Etat chargé de cette problématique » (©Mario Sinistaj)Vidéos : en ce moment sur Actu window.actu.allowDailymotion = true; window.actu.maybeDailymotionEmbed = false; "La réponse actuellement apportée à la question de l’eau n’est pas à la hauteur des enjeux, ni en France ni ailleurs" Eric Servat D’où ce plaidoyer pour qu’enfin la problématique eau ne soit plus « transparente » ?J’ai écrit ce livre d’une part pour inciter les sociétés humaines à prendre ce sujet à bras-le-corps, car il faut agir vite, et pour délivrer un message à la fois raisonnable et positif. Aujourd’hui, tout le monde donne son point de vue. On entend vraiment tout et n’importe quoi, et notamment des discours particulièrement et volontairement anxiogènes. Or, il ne faut pas laisser n’importe qui dire n’importe quoi a fortiori lorsque c’est pour délivrer des messages apocalyptiques dont le seul but est de nourrir un climat de peur et de repli sur soi. Au contraire : la question de l’eau est universelle, elle nous rassemble et, comme elle l’a toujours fait dans l’histoire de l’humanité, elle ne peut que nous obliger à agir pour nous adapter et mettre en place les solutions dont nous disposons déjà et celles que nous découvrirons et inventerons. L’eau sollicite depuis toujours ce que l’humanité a de meilleur en elle car elle nous contraint à l’adaptation et à l’ingéniosité au service de l’intérêt commun, elle doit nous mobiliser pour mener les actions nécessaires. Il faut être lucide quant aux difficultés qui se dressent devant nous mais, face aux défis à relever, il n’y a pas la moindre place pour un quelconque renoncement. Seule vaut l’action, et nous pouvons le faire car je le dis, oui, des solutions existent ; l’humanité a les moyens technologiques et scientifiques pour agir, moyens qu’il faut associer aux nécessaires approches sociétales, sociales et culturelles. Cliquez ici pour visualiser le contenu Les pays peuvent-ils s’entendre sur un programme d’action commun ? Bien sûr ! Je ne vois pas pourquoi ils ne le pourraient pas. Je tiens quand même à ce stade à apporter une précision absolument essentielle pour bien comprendre comment on doit aborder la problématique eau. En fait, nous sommes dans un paradoxe : l’eau est une problématique universelle, et multiformes, à laquelle on ne peut toutefois pas apporter une réponse universelle. En effet, il n’existe pas une solution unique pour la planète, mais un ensemble de solutions que l’on doit déployer dans les différents pays et les différentes régions du monde en fonction des particularités locales : le climat, la géographie, la géologie mais aussi l’économie, la sociologie, la culture, les traditions, etc… Ce qui souligne la complexité des sujets liés à l’eau. On va revenir sur ces solutions mais ne pensez-vous pas que le réveil de l’humanité sur la question de l’eau est trop tardif ? Avons-nous encore le temps de réagir ?Les choses bougent : l’ONU a programmé une autre conférence internationale sur l’eau en 2026, et une troisième devrait se dérouler en 2028. Cela confirme que nous sommes à un tournant : il faut profiter de cette dynamique nouvelle en faveur de l’eau pour amplifier la prise de conscience. La France aussi a pris des initiatives avec le lancement du Plan Eau qui comporte deux grands objectifs : au moins 10% d’économie en ce qui concerne les sollicitations de la ressource naturelle et plus de 10% de réutilisation des eaux usées (la REUT) d’ici 2030. Le réveil est tardif mais réel. Il faut s’en inspirer et ne pas oublier que chaque jour, dans le monde, des milliers de femmes et d’hommes, des scientifiques, des élus, des entreprises, des associations, de simples citoyens œuvrent pour l’eau, pour que l’on puisse tous continuer à vivre correctement. On décrit un monde voué à un avenir sombre. Moi, je dis qu’il y a une lumière au bout du tunnel et c’est un message que j’ai souhaité transmettre dans mon livre car nous n’avons pas le choix : c’est maintenant ou jamais, mobilisons-nous, mobilisons nos atouts pour avancer comme l’humanité a toujours su le faire lorsqu’elle a été confrontée à des défis majeurs. Eric Servat : « J’ai écrit ce livre d’une part pour inciter les sociétés humaines à prendre ce sujet à bras-le-corps, car il faut agir vite, et pour délivrer un message à la fois raisonnable et positif » (©Mario Sinistaj) "Dans de nombreuses régions chaudes, dont celles de l’arc méditerranéen, l’eau devient plus rare et le phénomène devrait s’accentuer avec le temps" Eric Servat Cette urgence est-elle amplifiée par le réchauffement climatique ? Allons-nous voir l’eau disparaitre ?L’eau ne disparait pas et il ne se crée pas non-plus d’eau nouvelle : le volume d’eau sur terre est le même depuis des milliards d’années et il est stable, autour de 1,4 milliards de km3 qui englobent les océans, les mers, les fleuves, les rivières et les lacs. L’eau que l’on boit aujourd’hui est celle que buvaient déjà les dinosaures, elle nous parvient consommée et recyclée des milliards de fois. Ce que modifie le changement climatique, c’est le cycle hydrologique et la répartition de l’eau que cela entraîne : plus de vapeur d’eau dans l’atmosphère, moins de précipitations, plus d’évaporation, etc… Mais attention, car si ce stock d’eau semble colossal, l’eau douce ne représente toutefois que 2,8 à 3% du volume, et l’eau facilement utilisable un peu moins de 1% ! Et ceci dans une perspective, à l’horizon 2050, de voir deux milliards d’humains supplémentaires qu’il faudra nourrir, hydrater, vêtir, loger… Autant d’activités consommatrices d’eau.Ces données concernent-elles aussi le Sud de la France, dont l’Hérault ? Dans de nombreuses régions chaudes, dont celles de l’arc méditerranéen qui est classé comme Hot Spot par l’ONU, l’eau devient plus rare et le phénomène devrait s’accentuer avec le temps, c’est un fait. Le climat méditerranéen se modifie et va continuer à évoluer vers des étés plus secs et plus longs, avec des périodes de sécheresse intense et la menace de fréquents épisodes climatiques violents, comme les épisodes cévenols ou méditerranéens. L’eau ne va pas disparaître, c’est la régularité de sa disponibilité qui va être affectée par un climat lui-même modifié.Pourtant, il a beaucoup plu cette année, on a l’impression que le climat n’est pas si sec… Il ne faut pas se laisser leurrer par une année aussi pluvieuse soit-elle. Soyez convaincu d’une chose : l’eau est le premier marqueur du changement climatique ! Entre avril 2022 et avril 2023, il est tombé moins de 250 millimètres de précipitations dans les P-O. Cela correspond à la définition d’un régime désertique… Les signaux sont là, qui peut encore feindre de ne pas les voir ? La question n’est pas de savoir si le climat va se réchauffer et si l’eau va manquer, mais de commencer sérieusement à nous adapter. Ce sera particulièrement nécessaire pour les départements de l’arc méditerranéen, notamment en Languedoc-Roussillon où l’activité touristique est très développée, conduisant à une explosion de la population durant la période estivale où, justement, il y a le moins d’eau accessible. Mais il ne faut pas être défaitiste : nous n’avons pas d’autres choix que celui de l’action. Et il y a des solutions ! "Soyons clairs : pour devenir plus sobres et plus économes, il faut certainement augmenter les tarifs de l'eau : plus tu consommes, plus tu payes" Eric Servat Justement, lesquelles ? Vous dîtes qu’il faut étudier toutes les solutions « sans tabous ». C’est généralement ce que l’on dit lorsqu’on s’apprête à délivrer de mauvaises nouvelles … (rires) Je vous rassure, il y a effectivement des solutions, elles nécessitent des efforts d’adaptation et ne sont pas systématiquement synonymes d’insurmontables sacrifices. Il faut bien sûr maintenir les efforts de décarbonation à l’échelle mondiale, c’est un préalable indispensable à toute autre action, mais ce ne sera pas suffisant. De mon point de vue, la première solution est d’ordre culturel et il faut commencer par redonner de la visibilité à l’eau afin qu’elle retrouve sa place au cœur des préoccupations de nos sociétés humaines. Aujourd’hui, par exemple, on tourne le robinet sans se poser de question, on gaspille beaucoup. En France, par exemple, on perd chaque jour 1 litre sur 5 dans les réseaux d’adduction d’eau potable, soit un milliard de m3 perdus à l’année, c’est à dire la consommation annuelle cumulée de l’Ile-de-France et de l’Occitanie ! Un tel gaspillage est insensé et souligne combien peu d’importance est aujourd’hui accordée à l’eau. Il est indispensable de lancer un grand plan de réhabilitation de ces réseaux et de mobiliser les budgets nécessaires. Par ailleurs, le prix de l’eau en France est bas, autour de 4,34 €/m3 en moyenne, soit à l’année à peine 1% du budget moyen de nombreux ménages. On dispose ici aussi d’un levier d’action, le prix du m3, qui permettra aux utilisateurs de prendre conscience de leur consommation de cette ressource vitale. EricServat : « On décrit un monde voué à un avenir sombre. Moi, je dis qu’il y a une lumière au bout du tunnel et c’est un message que j’ai souhaité transmettre dans mon livre car nous n’avons pas le choix : c’est maintenant ou jamais » (©Mario Sinistaj)Augmenter le tarif de l’eau, c’est en effet un sujet tabou… Il ne s’agit évidemment pas d’en faire un luxe inaccessible, mais de lui redonner la valeur et la place centrale qui sont structurellement les siennes depuis la nuit des temps parmi les priorités des êtres humains. Soyons clairs : pour devenir plus sobres et plus économes, il faut certainement augmenter les tarifs : plus tu consommes, plus tu payes. Mais, comme c’est le cas par exemple dans la Métropole de Montpellier, la tarification progressive vise à être également solidaire de manière à garantir un accès à l’eau aux plus démunis.Quels sont les autres sujets clivants sur lesquels la France doit se pencher ? Il faut accélérer sur la désimperméabilisation massive des sols, même si cela a un coût. Puisqu’il va moins pleuvoir, il faut maximiser les chances d’infiltration. C’est un effort que doivent porter les collectivités et l’Etat à travers des choix budgétaires forts comme l’est également la réhabilitation des réseaux. Mais, encore une fois, il s’agit d’assurer notre avenir en eau disponible. Il y a aussi des technologies à développer, dont la REUT et la désalinisation.Ces deux technologies sont-elles suffisamment fiables ?Le recyclage des eaux usées traitées est fiable. Sauf que notre pays est à la traîne… L’Espagne et l’Italie réutilisent déjà respectivement près de 15 et 10 % de leur eau traitée, la France de l’ordre de 1%. C’est pourquoi je parle de volonté politique et d’engagements concrets : la REUT fonctionne bien mais il faut y mettre les moyens. En Namibie, pays particulièrement aride, par exemple, on va jusqu’à recycler les eaux usées en eau potable pour pallier le manque d’eau disponible. On peut aussi évoquer Israël ou près de 85% des eaux usées sont collectées et recyclées par une cinquantaine d’usines de traitement. Et en France ? Si peu ?… Il faut changer cela. Il faut investir de manière importante et avancer concrètement et sans attendre là où cette solution a du sens. "Désalinisation, stockage de l’eau, il ne peut y avoir de sujets tabous : nous n’avons plus ce luxe, même en France" Eric Servat La désalinisation et le stockage de l’eau, ce sont les deux autres « tabous » que vous n’avez pas peur d’aborder ? Non, pour la question de l’eau, il ne peut y avoir de tabous à craindre : nous n’avons plus ce luxe, même en France. La désalinisation fonctionne très bien même si on peut lui faire deux grands reproches : les stations sont encore trop énergivores et polluantes, elles créent notamment des saumures (NDLR : un condensé de sel et de produits chimiques pouvant nuire aux écosystèmes marins) produites par le processus de désalinisation. Or, à Montpellier, par exemple, au sein du centre Unesco, des unités de recherche, comme l’Institut Européen des Membranes, développent des procédés pour améliorer les performances des stations. Certaines techniques membranaires permettent ainsi déjà de consommer 25 à 30% d’énergie en moins. L’enjeu consiste à appliquer cette technologie à grande échelle et à continuer à l’améliorer, tout comme le traitement des saumures. Des laboratoires commencent à recycler ces déchets pour former des matériaux réutilisables (hydrogène, hydroxyde de sodium, acide chlorhydrique) afin d’en limiter au maximum l’impact sur les milieux récepteurs. La recherche est très active dans le domaine de l’eau, et notamment à Montpellier qui est un grand centre européen de recherche sur le sujet des ressources en eau avec le pôle Aqua Valley et le Centre international UNESCO sur l’eau, le seul en France, et les 18 Laboratoires qu’il fédère. Ce que je veux dire, c’est que l’on peut aujourd’hui déployer la désalinisation là où cette solution apparait adaptée, utile et nécessaire, pourquoi pas dans les P-O par exemple, en gardant à l’esprit que les stations seront encore largement évolutives grâce à la recherche qu’il convient de mettre en œuvre et d’amplifier : elles réduiront leur consommation d’énergie, produiront moins de saumures, lesquelles seront par ailleurs traitées. Entre les premières stations apparues il y a plus de 20 ans et celles d’aujourd’hui, ce ne sont plus les mêmes. On peut donc déployer cette solution, comme c’est le cas à Barcelone. C’était un tabou en France… mais nous n’avons plus les moyens d’avoir des tabous de cette nature. Il faut retenir cette option là où elle fait sens sans vouloir pour autant la généraliser à tout prix. Là, comme toujours pour ce qui est de la question de l’eau, ce sont les conditions locales qui dictent les choix. Un sujet encore plus tabou : le stockage de l’eau. Sur ce sujet, les associations risquent de faire barrage…C’est en effet un sujet très chaud, pouvant déboucher sur de violents affrontements, ce qui est parfaitement détestable car l’eau ne doit pas opposer mais réunir. On doit pouvoir débattre sereinement du stockage de l’eau qui ne doit pas être une option écartée d’entrée de jeu comme c’est trop souvent le cas aujourd’hui, et ce fréquemment pour de mauvaises raisons ; la question du stockage de l’eau n’étant alors pour certains qu’un paravent pour des combats plus radicaux et plus systémiques. Il ne s’agit pas de faire des barrages, des retenues collinaires ou des retenues de substitution (les « méga bassines ») partout, mais d’adapter un mode de stockage à des conditions locales particulières. On peut parfois retenir l’option du stockage sous une forme donnée à un endroit précis et constater qu’un projet identique n’aurait pas de sens à un autre endroit, dans un contexte différent… Encore une fois, faisons preuve d’intelligence collective, de mesure, de capacité d’analyse des conditions locales et des besoins exprimés, mais sans bannir l’option du stockage de l’eau qui est une solution indispensable dans certains cas, ainsi que ça l’a été depuis toujours dans l’histoire de l’humanité. Au final, professeur, vous affirmez que la science et la technologie sont assez fortes pour permettre de déployer des solutions adaptées à chaque territoire… Trop souvent, dès lors que l’on cherche à mettre en avant des solutions qui s’appuient aussi, et j’insiste sur « aussi », sur la science et la technologie, on est en effet instantanément qualifié de « techno-solutionniste », ce qui est un raccourci commode pour ceux qui, en fait, refusent le débat et ne veulent pas entendre parler d’approches complémentaires pour résoudre des problèmes dont la complexité est immense et avérée. Dans mon livre, j’inclus la dimension culturelle et sociale de l’eau, je mets en avant l’incontournable besoin d’intelligence collective qui doit nous permettre d’atteindre les nécessaires compromis entre les usages compétitifs, et j’insiste sur le fait que tout ne passera par la science ou la technologie. Il faut sensibiliser les citoyens pour moins gaspiller par exemple, il faut aussi changer notre regard sur l’eau, il faut un changement culturel radical… Mais l’avenir de nos sociétés passe néanmoins également par les solutions que nous offrent la science et la technologie, comme l’humanité l’a toujours compris et réalisé dans sa quête de progrès.Donc, pas de défaitisme, et place enfin à l’action ? L’eau est au centre de tout, elle est une forme d’humanisme. Pour relever le défi de l’eau, il faut se parler sereinement, sans tabous, en plaçant les gens et leurs besoins au centre de tout. Si nous ne plaçons pas les humains au cœur des enjeux, nous n’aboutirons pas. C’est tout cela que j’explique dans mon livre. J’ai consacré ma vie à l’eau ou plus exactement à la relation essentielle que le vivant, et donc l’être humain, entretient avec elle. Je crois, non, je SAIS que la partie n’est pas perdue, loin de là. Les solutions existent, elles sont à notre portée pour peu que nous acceptions avec courage et humilité de comprendre, de changer et d’agir.Suivez toute l’actualité de vos villes et médias favoris en vous inscrivant à Mon Actu.window.actu.dataLayer.article.nombre_paragraphes = 27;actu.pub.dfpTargeting.semantique = ["internat","\u00e9tudier","combi","m\u00e9diter","r\u00e9gime","technologie","investir","technologie","science","destination","sol","clim","mets","lutte","transition \u00e9cologique","ail","recycl\u00e9","porter","recycler","Bar","bar","Centre","librairie","vr","leurre","lit","luxe","chance","luxe","produits","centre","oppo","directeur","or","livre","plus","Or","dirigeant","r\u00e9chauffement climatique","transition","vol","sociale","tour","naturelle","jo","r\u00e9chauffement climatique","auto","changement climatique","menace","\u00e9pisode","viol","changement climatique","s\u00e9rie","recyclage","Euro","euro","mode","livre","sociale","foot"];actu.pub.dfpTargeting.brandSafety = false;actu.pub.dfpTargeting.statut_monetisation = "gratuit"