Valerie Ginet, secrétaire adjointe de la FEP-CFDT, a souligné notamment, lors d'une audition de la commission d'enquête sur les violences et les contrôles dans les établissements scolaires, que la voie ordinaire des signalements par la voie hiérarchique et le chef d'établissement peuvent "ralentir" le processus. Signaler un problème, pour un membre du personnel d'une école, "ça veut dire s'exposer, ce n'est pas toujours bien vu de mettre en question la réputation de l'établissement", c'est souvent "très coûteux" en termes de conséquences, a-t-elle fait valoir. Françoise Gullung, l'ex-enseignante de Notre-Dame-de-Bétharram qui avait tenté d'alerter sur des violences physiques et pédocriminelles systémiques dans l'établissement, avait ainsi été écartée et rencontré des difficultés dans les suites de sa carrière. Delphine Bouchoux, élue au comité consultatif ministériel des maitres de l'enseignement privé, relève que si la loi impose d'avertir les autorités compétentes lorsqu'on est informé d'un fait de violence, "dans la réalité ces situations sont d'abord gérées en interne". Or un chef d'établissement peut ne pas vouloir ternir l'image de son établissement, ce qui peut "retarder la transmission voire étouffer les situations". "Pour nous c'est le cœur du problème. Il ne doit plus y avoir ce filtre entre les personnels enseignants et les autorités compétentes", insiste Mme Bouchoux. Jean-Louis Stadler, président du Spelc, rappelle, lui, qu'il y a "des dispositifs qui permettent d'outrepasser cette voie hiérarchique". Marie Troadec, responsable du premier degré, demande notamment des formations communes pour l'enseignement public et privé, et s'inquiète du non respect de circulaires et décrets par l'enseignement catholique, comme sur l'Evars, le programme d'éducation à la vie affective et sexuelle qui a été combattu par certaines organisations de parents catholiques et une partie de la droite. Loin de renvoyer au passé les violences contre les enfants dans le monde scolaire, Pascale Picol, responsable CGT Enseignement privé, juge que "les violences d'adultes sur enfants, c'est vraiment un chantier encore en devenir". Interrogés lors d'une autre audition, les syndicats de chefs d'établissements du privé ont de leur côté affirmé ne pas avoir eu connaissance de pressions ou d'interférences de leurs autorités de tutelle pour ne pas signaler des faits de violences. "On n'a pas eu (...) de pressions pour couvrir de tels faits", a ainsi affirmé Jérémy Torresan, président du Syndicat national des chefs d’établissement de l’enseignement libre (SNCEEL). "Je n'ai pas eu de remontées (...) Ca n'est pas arrivé", a renchéri Virginie Bécourt, présidente du Synadec (syndicat du premier degré). Les chefs d'établissements se sont par ailleurs dits favorables au renforcement des contrôles dans les établissements privés sous contrat, annoncés par le ministère. "Ca permettra de démystifier une partie des croyances sur l'enseignement privé", a estimé M. Torresan.