Bolivie: Morales relancé par la justice à l’approche de la présidentielle

Bolivie : Morales relancé par la justice à l’approche de la présidentielle Evo Morales, ancien président de la Bolivie, s’exprime lors d’une interview dans la zone cocalière de Lauca Ene, le 28 avril 2025. AFP L’ancien président bolivien Evo Morales, qui entend se présenter à la présidentielle d’août malgré son inéligibilité, n’est plus visé par un mandat d’arrêt après l’annulation de l’ordonnance et des poursuites liées à une affaire présumée de traite de mineure. Le parquet avait ordonné en octobre l’arrestation du leader indigène de 65 ans, qui s’était alors réfugié dans son fief du Chapare, dans le centre du pays, où la police n’est jamais intervenue pour l’interpeller. «Toute ordonnance de rébellion et mandat d’arrêt judiciaire (pesant sur M. Morales, ndlr) sont annulés», indique la décision de première instance diffusée mercredi par la défense. Evo Morales aurait entretenu en 2015 une relation avec une adolescente La juge Lilian Moreno a également ordonné l’annulation de «tous les actes de procédure et d’enquête» visant celui qui a dirigé la Bolivie de 2006 à 2019. Selon le parquet, Evo Morales aurait entretenu en 2015, alors qu’il était à la tête du pays, une relation avec une adolescente de 15 ans, avec le consentement de ses parents en échange d’avantages. L’ancien président a toujours rejeté ces accusations et fait valoir qu’une enquête dans la même affaire avait été classée sans suite en 2020. Une nouvelle enquête avait été ouverte en 2024 par le parquet, mais portant cette fois sur des faits de traite de mineure et non plus d’atteinte sexuelle sur mineure. Une affaire déjà classée La juge Moreno a accepté l’argument de la défense selon lequel le bureau du procureur ne pouvait continuer à enquêter sur une affaire qui avait déjà été classée. Ce n’est pas la première fois que la magistrate croise le chemin judiciaire d’Evo Morales. En octobre 2024, elle avait déjà annulé dans cette même affaire un premier mandat d’arrêt émis par le parquet. Sa décision avait ensuite été annulée par une instance supérieure. Le président du Conseil de la magistrature, Manuel Baptista, a immédiatement annoncé mercredi l’ouverture d’une enquête contre la juge Moreno. «Si cette décision judiciaire a été contraire à la loi, soyez assurés que ce fonctionnaire judiciaire sera sanctionné conformément à notre règlement», a-t-il déclaré auprès des médias locaux. Une «persécution judiciaire» La défense du premier chef d’État bolivien d’origine indigène a en revanche salué la décision. «L’ancien président peut sortir et se déplacer librement sur le territoire national […] puisque ses droits constitutionnels viennent d’être rétablis», a déclaré Jorge Pérez, l’avocat du leader des producteurs de coca, lors d’une conférence de presse. Evo Morales s’est toujours dit victime d’une «persécution judiciaire» de la part du gouvernement du président Luis Arce, son ancien ministre de l’Économie, alors qu’il entend revenir au pouvoir. Fin 2024, la Cour constitutionnelle a cependant confirmé l’interdiction pour un président d’exercer plus de deux mandats. Pas encore proclamé candidat Luis Arce, 61 ans a été désigné lundi par le parti de gauche au pouvoir, le Mouvement vers le Socialisme (MAS), comme son prétendant pour la présidentielle. Le président bolivien ne s’est cependant pas encore proclamé candidat. Il a jusqu’au 11 mai pour officialiser sa candidature éventuelle.