Pas de thérapie pour un individu arrêté par hasard avec une arme
Le Groupe d’intervention du Service de police de Sherbrooke est intervenue lors d'une opération d’envergure sur la rue William-Ives en février dernier. (Tommy Brochu/Archives La Tribune) C’est ce qu’on a appris, mercredi, lors de l’enquête sur remise en liberté de David Gaboury au palais de justice de Sherbrooke. Pour l’occasion, la juge de la Cour du Québec Claire Desgens a refusé de remettre l’individu en liberté, lui qui souhaitait intégrer un centre de thérapie. «Votre avocat a fait tout ce qu’il a pu avec ce qu’il avait. J’ai pris connaissance de l’ensemble de la preuve, je suis consciente que vous êtes présumé innocent. [...] Mais à ce stade, la preuve est assez accablante», a-t-elle jugé. «Le risque pour le tribunal n’est pas assumable de vous remettre en liberté dans le cadre d’une thérapie, surtout lorsqu’on se base sur vos antécédents judiciaires», a-t-elle continué. L’homme de 35 ans est entre autres accusé d’avoir déchargé une arme à feu prohibée «sans se soucier de la vie ou de la sécurité d’autrui», d’avoir porté ou dissimulé une arme, de menaces de mort ou d’infliger des lésions corporelles, de possession de drogue dans le but d’en faire le trafic. Découverte par hasard La découverte de l’arme de calibre .22 au canon tronçonné lors de l’intervention de routine avait forcé le Groupe d’intervention du Service de police de Sherbrooke à établir un large périmètre de sécurité sur la rue William-Ives. En s’approchant de la voiture située trop près d’une borne-fontaine, un patrouilleur a constaté que la crosse d’une arme à feu était dissimulée sous un morceau de vêtement, aux pieds de la passagère. Le policier a réussi à sortir l’arme de l’auto et a constaté que cette dernière était tronçonnée. «L’arme était chargée d’une douille dont le plomb avait été tiré», a relaté la procureure aux poursuites criminelles et pénales au dossier, Me Gaëlle Paradis. Arrêtée et ébranlée par la situation, la passagère aurait décidé de collaborer avec les policiers. Détenu pour fins d’enquête, les patrouilleurs auraient retrouvé 0.92 gramme de roche de crack sur Gaboury. Selon Me Paradis, les policiers ont aussi retrouvé de la métamphétamine, de la cocaïne, près de 2000$ en argent comptant et deux balles lors de la fouille accessoire. Une sacoche contenant des stupéfiants et une balance auraient été retrouvées dans la voiture, tout comme un couteau de chasse. La femme aurait mentionné aux policiers que «Gaboury est un fou». «Il l’a menacée de lui tirer une balle dans la tête si elle ne se prostituait pas pour rembourser ce qu’elle lui doit», a résumé Me Paradis. Notons que Gaboury l’aurait fournie en crack. Coup de feu C’est cette dame qui a raconté aux policiers qu’elle avait vu Gaboury monter dans l’immeuble avant d’entendre des cris et un coup de feu, pendant qu’elle consommait dans la voiture. Bien que certains rapports d’expert sont en cours de rédaction, la Couronne plaide que l’arme aurait été déchargée dans l’appartement. Le projectile aurait défoncé un morceau de gypse avant de terminer sa course dans une valise. De retour à sa voiture, Gaboury «semblait un peu paniqué, respirait fort et avait les yeux pleins d’eau», a décrit la procureure Paradis, ajoutant que des caméras de surveillance ont enregistré l’accusé dans l’appartement. Il aurait même exhibé son arme à un certain moment. L’avocat de la défense Me Jean-Christophe Côté indique les gens présents dans l’appartement n’ont pas fait de déclarations aux policiers. «Personne dans le bloc n’a appelé les policiers pour un coup de feu», a-t-il plaidé. Notons d‘ailleurs qu’il est interdit pour l’homme de posséder des armes prohibées. Toxicomane L’homme reconnait avoir des problèmes de consommation de stupéfiants et de médicaments d’ordonnance. «Je réalise que c’est assez. J’arrive à 35 ans, ça va être correct», a-t-il admis à la juge Desgens. Il dit être «tombé dans une galère» l’été dernier lorsqu’il s’est séparé de sa conjointe. Il se dit prêt à s’investir dans une thérapie. «Je suis en train de perdre les gens qui m’aiment», s’est-il attristé. Il n’a pas consommé depuis son entrée en détention.