«Travailler plus» : un débat qui va croissant

Le geste est fatigant, mais il faut respecter la tradition : on pétrit le pain en étirant la pâte et en la repliant sur elle-même, on altère le modèle social en regrettant que les Français ne travaillent pas assez. Répétez, ajoutez de l’eau, roulez en boule et reprenez le lendemain, la recette est invariable au fil des années, passant par «travailler plus pour gagner plus» de Nicolas Sarkozy à «une grande nation comme la France où nous voulons tous être prospères» de Bruno Le Maire. Le débat est de retour alors que le chômage repart à la hausse. La seule nouveauté de ce 1er Mai, où la mobilisation était importante dans toute la France, réside dans les jérémiades des employeurs dans le secteur de la boulangerie, qui aimeraient bien faire une croix sur la loi de 1919 décrétant ce jour férié comme journée chômée. Ce sont pourtant précisément les ouvriers boulangers qui ont obtenu l’interdiction du travail de nuit au XIXe siècle, nous rappelle l’historien Etienne Hudon, preuve supplémentaire que la droite n’aime sauver que les traditions dont sa clientèle se partage les retombées. A lire aussi «Travailler plus», une obsession politique française