La pression s’intensifie autour des plateformes numériques. Après la tribune du 29 avril cosignée par Gabriel Attal et le pédopsychiatre Marcel Rufo, appelant à “un état d’urgence contre les écrans”, la secrétaire d’État Clara Chappaz a confirmé travailler activement à l’interdiction des réseaux sociaux pour les moins de 15 ans. Cette mesure, déjà soutenue par 73 % des Français selon une enquête, menée par Harris Interactive pour le gouvernement, s’inscrit dans une volonté politique forte de protéger la santé mentale des jeunes, face à l’explosion des cas d’anxiété, de dépression et de troubles du comportement liés à la surexposition numérique. Une loi déjà en place… mais inapplicable En théorie, la France a déjà instauré une majorité numérique à 15 ans depuis la loi du 7 juillet 2023. En pratique, cette règle reste largement théorique : absence de contrôle effectif, facilité de contournement par les mineurs et manque d’harmonisation européenne. Selon la Cnil, deux tiers des moins de 13 ans possèdent déjà un compte sur un réseau social, souvent sans l’accord parental requis. Les plateformes, quant à elles, se retranchent derrière l’impossibilité technique de vérifier l’âge réel de leurs utilisateurs. Face à l’inefficacité des dispositifs nationaux, la France milite désormais pour une action coordonnée à l’échelle européenne. Clara Chappaz souhaite que l’Union impose des règles communes et contraignantes aux plateformes, à l’image des vérifications d’âge déjà en vigueur pour les sites à caractère pornographique. Mais l’application concrète de ces mesures reste un défi technique et juridique, notamment sur l’épineuse question de la vie privée des internautes. Des propositions radicales en perspective L’interdiction avant 15 ans n’est que l’une des mesures préconisées par Gabriel Attal et Marcel Rufo. Dans leur tribune, ils suggèrent aussi un “couvre-feu numérique” entre 22h et 8h pour les 15-18 ans, une limitation à une heure quotidienne d’utilisation, voire une taxation des plateformes. Aujourd’hui, 60 % des moins de 15 ans consultent quotidiennement des réseaux de partage de photos ou vidéos, et 46 % des 11-14 ans utilisent TikTok chaque jour. Encore plus préoccupant, 55 % des 7-14 ans possèdent déjà un téléphone, selon une étude du cabinet Junior City relayée par nos confrères de Le Parisien. Malgré les restrictions, l’usage massif de ces plateformes par les jeunes rend toute interdiction difficile à appliquer sans une mobilisation conjointe des familles, des écoles et des acteurs numériques. Sans contrôle effectif, harmonisation européenne ni accompagnement éducatif, la mesure risque surtout de rester symbolique. Reste que la problématique des écrans ne concerne pas que les jeunes. Près de la moitié des Français admettent reporter leurs obligations pour regarder des vidéos en ligne.