Le Canada a été « bombardé » de fake news avant les élections législatives, et les États-Unis ne sont pas innocents
Une étude de grande ampleur du Financial Times démontre que X a servi de relais à la droite, via des messages souvent faux. CANADA - L’invasion américaine a-t-elle commencé sur les réseaux ? Alors que les Canadiens ont voté ce lundi 28 avril pour choisir leur nouveau Premier ministre, une enquête du Financial Times réalisée sur 350 000 messages pointe du doigt le puissant voisin et sa tentative d’influencer le résultat de l’élection. Au cœur de cette propagande mêlant bots et fake news, l’inévitable X d’Elon Musk. L’hebdomadaire britannique explique ainsi que les électeurs ont été « bombardés » de contenus de droite sur le réseau social, par un réseau de comptes promouvant à la fois mèmes et articles de presse. Des comptes « présentant toutes les caractéristiques de bots », ou pour le dire autrement, de faux comptes tenus par des algorithmes. Dans le viseur de leurs messages sur X, Mark Carney successeur de Justin Trudeau à la tête du camp libéral et Premier ministre depuis le 14 mars. Pour faire descendre Carney dans les sondages, ces utilisateurs virtuels sont prêts à tout, utilisant des outrances que connaissent bien les usagers des réseaux sociaux. En premier lieu, des fake news à haute fréquence, comme des messages « associant Carney avec l’homme d’affaires déchu Jeffrey Epstein », précise le FT. Une stratégie qui n’a pas fonctionné puisque les résultats donnent les Libéraux de Mark Carney en tête. Qui est derrière ces comptes ? Le journal, en association avec la University of Southern California, ne peut se prononcer, mais note que de nombreux influenceurs relayant cette propagande sont basés aux États-Unis. Elon Musk, le propriétaire de X, n’a en tout cas jamais caché sa préférence pour le concurrent de Carney, le conservateur Pierre Poilièvre, et sa politique de relâchement de la modération a contribué à faire fleurir ce type de contenu. Même constat du côté de Facebook, où l’on se refuse désormais à identifier et éliminer les fake news qui y prolifèrent. Pourtant le réseau social est gangrené par les fausses informations : à l’été 2023, Meta a tout simplement banni les médias de sa plateforme pour ne pas avoir à leur payer de contrepartie. Depuis, la place est prise par les fermes à contenu… et les tentatives d’influence. C’est ainsi que le Canadian Digital Media Research Network (qui fédère plusieurs associations de recherches sur les médias canadiens) expliquait, dès le mois de mars, que durant la campagne, ont fleuri les contenus fallacieux créés par IA, les comptes d’origine douteuse, mais aussi des groupes Facebook non pas créés, mais renommés pour inciter à la confusion et au raidissement idéologique. C’est le cas, par exemple, de groupes qui se sont mis à militer du jour au lendemain, pour que le Canada devienne le 51e État américain, un projet que Donald Trump promeut depuis sa réélection et encore ce lundi alors que le vote vient d’ouvrir. Une fois encore, les principales forces à l’œuvre sur le côté droit de l’échiquier. Le New York Times relevait ainsi, dans une enquête publiée le 21 avril, que l’une pages les plus populaires sur le Facebook Canada est clairement anti-Carney. Intitulée « Canada Proud » (Fier du Canada en français), elle diffuse des articles aux sources douteuses, voire des photos et des vidéos entièrement fabriquées. L’origine de ce déferlement n’est pas connue, et sans doute d’origines diverses. Début avril, les autorités canadiennes indiquaient avoir trouvé sur la plateforme chinoise WeChat toute une campagne de désinformation contre Mark Carney, probablement à destination de la minorité sinophone au Canada. L’implication de la Russie et de la Chine dans des campagnes passées laisse penser que ces pays sont également à l’œuvre. Mais l’analyse du Financial Times, focalisée sur X, pointe, elle, vers des initiatives américaines. Et si cela peut sembler choquant d’un pays démocratique à un autre, cela n’a rien de nouveau. Comme l’ont rappelé deux chercheurs canadiens, Chris Tenove et Heidi J.S. Tworek, dans un texte publié sur le site The Conversation, les interférences américaines dans les élections canadiennes datent de 1873. Et si cette campagne semble saturée de fake news, « les Canadiens peuvent peut-être trouver du réconfort dans la résilience de nos institutions démocratiques en face d’une longue série de tentatives pour saper nos élections ». La preuve avec les résultats de l’élection. À voir également sur Le HuffPost : La lecture de ce contenu est susceptible d’entraîner un dépôt de cookies de la part de l’opérateur tiers qui l’héberge. Compte-tenu des choix que vous avez exprimés en matière de dépôt de cookies, nous avons bloqué l’affichage de ce contenu. 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