Etats-Unis : Trump revendique « les 100 jours les plus réussis » et dézingue ses adversaires
Face à une foule galvanisée rassemblée dans une salle comble du Macomb Community College à Warren (Michigan), Donald Trump a affirmé mardi soir vivre « les 100 jours les plus réussis de l’histoire de toute administration présidentielle ». Lors de ce meeting, le président a présenté son début de mandat comme un modèle de réussite, balayant les critiques et les controverses qui accompagnent pourtant ses décisions. Selon lui, il s’agit d’un succès que « tout le monde reconnaît ». Le ton était donc donné. Ce meeting était autant une opération d’autocélébration qu’un avertissement lancé à ses opposants. Immigration : le socle électoral consolidé Dès les premières minutes de son discours, Donald Trump a rappelé ce qu’il considère comme son principal succès : le durcissement des politiques migratoires. Il a affirmé que la situation à la frontière n’avait « jamais été aussi différente que maintenant, par rapport à il y a six mois », estimant que « c’est enfin le moment de féliciter l’Amérique ». Il a vanté une hausse des arrestations de migrants « connus ou suspectés de terrorisme », en ciblant notamment les membres de gangs, et a réaffirmé que l’immigration illégale avait été le « sujet numéro un » de sa campagne. Mais face aux recours judiciaires contre ses politiques d’expulsion massive, le président a dénoncé des tribunaux « qui nous compliquent la tâche » et estimé que « la Cour suprême devra corriger cela ». Il s’est également montré ferme sur l’avenir : « Je ne pense pas que ça va rester ainsi. » Tarifs douaniers et industrie : la stratégie du bras de fer Donald Trump a par ailleurs défendu avec force sa politique protectionniste. Il a signé dans la journée de mardi de nouveaux décrets visant à alléger partiellement les tarifs douaniers de 25 % imposés sur les voitures et pièces étrangères, tout en maintenant la pression sur les importateurs. Selon lui, cette stratégie vise à « ramener les fabricants automobiles et d’autres industries en Amérique ». Le président a assuré que des dirigeants du monde entier faisaient le déplacement à Washington « pour négocier » : « Ils viennent d’Inde, de France, d’Espagne, et même de Chine… Ils veulent tous faire un accord, mais nous, on n’est pas obligés d’en conclure. » Une posture de force assumée, bien que la majorité des économistes alertent sur les conséquences inflationnistes de ces mesures. Inflation et prix : des affirmations exagérées Donald Trump a aussi tenté de capitaliser sur le ralentissement de l’inflation en affirmant que « les prix à la consommation ont connu la plus forte baisse depuis la pandémie ». Si l’inflation annuelle a effectivement reculé à 2,4 % en mars, il ne s’agit pas d’une baisse généralisée des prix – comme l’a précisé le département du Travail – mais d’un ralentissement de la hausse, appelée désinflation, rapporte CNN. L’accès à ce contenu a été bloqué afin de respecter votre choix de consentement En cliquant sur« J’accepte », vous acceptez le dépôt de cookies par des services externes et aurez ainsi accès aux contenus de nos partenaires. Plus d’informations sur la pagePolitique de gestion des cookies J’accepte Concernant l’essence, Donald Trump a affirmé qu’elle était descendue à « 1,98 dollar dans de nombreux Etats ». Une déclaration inexacte : le prix moyen national s’élevait mardi à 3,16 dollars le gallon (3,8 litres environ), et aucun Etat ne descendait sous les 2 dollars, selon les données de l’AAA. Idem sur le prix des œufs. il s’est félicité d’une baisse de 87 %, affirmant : « Vous avez eu plein d’œufs pour Pâques ! » Si le prix de gros des œufs a chuté avec la baisse de la grippe aviaire, le ministère américain de l’Agriculture a précisé que les consommateurs ont en réalité payé leurs œufs de Pâques à un prix record cette année. Attaques contre la Fed et le télétravail fédéral Le président s’en est bien évidemment pris au président de la Réserve fédérale (Fed), Jerome Powell, qu’il a jugé « pas très bon dans son travail ». Il reproche à la Fed de ne pas baisser plus vite les taux d’intérêt, freinant selon lui la croissance économique. Comme à chacun de ses meetings, Donald Trump a effectué quelques pas de danse. - P. Sancya/AP/SIPA Dans un autre registre, Donald Trump a vivement critiqué le télétravail dans l’administration, affirmant que certains employés fédéraux en avaient profité pour « améliorer leur handicap au golf ». Il a ironisé : « Qui diable travaille vraiment à la maison ? » Le président veut un retour strict au présentiel, présenté comme une mesure d’efficacité mais aussi de contrôle. Offensive anti-diversité et revendications identitaires Donald Trump a également multiplié les attaques contre les politiques de diversité, d’équité et d’inclusion (DEI), qu’il a qualifiées de « conneries ». Il a affirmé y avoir mis fin dans l’ensemble de l’administration fédérale et a déclaré : « J’ai fait de la reconnaissance de deux – homme et femme – la politique officielle du gouvernement américain. » Il a aussi revendiqué l’interdiction faite « aux hommes de participer aux compétitions sportives féminines », une mesure qui ne relève pourtant pas directement du pouvoir fédéral. Ces annonces, applaudies par sa base, traduisent un recentrage marqué sur les valeurs conservatrices et identitaires. Coupes budgétaires et candidature en 2028 Donald Trump a vanté les efforts de réduction des dépenses de l’Etat sous l’égide du Département de l’efficacité gouvernementale (DOGE), avec Elon Musk en conseiller officieux. Il a assuré que ce département avait « éradiqué des milliards de dollars de gaspillage, de fraude et d’abus » et mis fin à de « nombreux contrats DEI discriminatoires ». Mais les coupes réelles sont loin des 2.000 milliards de dollars promis. Pour finir, l’un des moments les plus commentés du meeting restera l’intervention de Margo Martin, assistante spéciale du président, qui a lancé à la foule : « Trump 2028, quelqu’un ? » Un clin d’œil provocateur, alors que la Constitution interdit un troisième mandat. De quoi finir en beauté un discours mêlant autosatisfaction, fake news et provocations.