Le Pass Rail Jeunes ne reviendra pas cette année

Sur les 700.000 pass espérés, seulement 235.000 ont trouvé preneur. L’écart est large, surtout pour un projet soutenu à 80 % par l’État et au coût total de 15 millions d’euros. Dans un contexte budgétaire compliqué, difficile de prolonger l’expérience sans retour massif. Certaines régions, comme l’Île-de-France, avaient d’ailleurs préféré rester à l’écart, en misant sur leur propre formule : le pass Navigo, alors proposé à 86,40 euros par mois. Expérimentation décevante pour le Pass Rail Jeunes Au-delà des ventes décevantes, le Pass Rail souffrait de défauts pratiques. Exclure les TGV (Inoui et Ouigo) était compréhensible pour éviter les dérapages de coût, mais cela limitait sérieusement les possibilités de voyage longue distance. En plus, le pass n’incluait pas les transports urbains, forçant les utilisateurs à acheter d’autres tickets pour bouger en ville ou entre les gares. Pas très pratique pour ceux qui espéraient voyager léger, sans multiplier les frais. La fin du Pass Rail arrive pourtant à un moment où les trains régionaux n’ont jamais été aussi fréquentés. En 2023, les TER et Intercités ont vu leur nombre de passagers grimper de 21 % par rapport à 2019, selon l’Autorité de régulation des transports. Mais tout le monde n’en profite de la même manière : dans certaines régions, l’offre est étoffée et efficace ; dans d’autres, les trains se font plus rares, rendant les déplacements moins simples pour les jeunes des zones rurales. Et puis, beaucoup de régions avaient déjà pris les devants. En Occitanie, par exemple, les jeunes peuvent voyager gratuitement sur les trains liO après 11 trajets par mois. En Nouvelle-Aquitaine, des réductions de 50 % sont proposées avec des formules comme le « Billet Jeunes » ou le « Pass Abonné -28 ». Forcément, face à ces alternatives locales, le Pass Rail national perdait un peu de son intérêt. Certains défenseurs du rail estiment que le projet a été enterré trop vite. Avec un lancement tardif et des objectifs jugés trop ambitieux, 235.000 pass vendus seraient déjà un bon début. D’autres soulignent que l’approche française, limitée à deux mois d’été et à une tranche d’âge spécifique, manquait d’ambition. À l’étranger, l’Allemagne a lancé son « Deutschlandticket » à 58 euros par mois, valable toute l’année, sans limite d’âge, et sur l’ensemble du réseau régional et urbain. Résultat : une adoption massive et un changement profond dans les habitudes de déplacement. En France, le ministère des Transports préfère désormais miser sur « d’autres transformations plus structurelles » : élargir l’offre de trains, améliorer la qualité de service, et encourager les régions à développer leurs propres politiques tarifaires en faveur des jeunes.