Vevey: un gendarme condamné pour tentative de meurtre

Abo Procès à Vevey – Le gendarme vaudois est condamné pour tentative de meurtre Le tribunal a décidé. Un an de prison avec sursis pour le policier qui a tiré sur un piéton, pris pour un criminel. Un appel est possible. Dominique Botti Ce procès hors norme d’un gendarme, finalement condamné pour tentative de meurtre à Chexbres, s’est tenu devant le Tribunal correctionnel d’arrondissement de l’Est vaudois, à Vevey. Yvain Genevay / Tamedia Abonnez-vous dès maintenant et profitez de la fonction de lecture audio. S'abonnerSe connecter BotTalk En bref : Un gendarme vaudois est reconnu coupable de tentative de meurtre à Chexbres. Le Tribunal correctionnel a condamné l’agent à un an de prison avec sursis. La cour juge les tirs disproportionnés, malgré le contexte opérationnel tendu. L’agent pouvait tirer. Mais il devait s’assurer de la proportionnalité de son geste. Le gendarme vaudois avait reconnu, devant la cour de Vevey, une «erreur d’appréciation» lors d’un contrôle à Chexbres en 2022. Il avait reconnu que le jeune innocent sur lequel il avait tiré, sans le blesser, était une «victime». Toutefois, il avait juré que, vu le contexte opérationnel tendu de l’époque, il ne pouvait pas ne pas faire feu sur celui qu’il avait pris à tort pour un dangereux criminel. Et l’agent de la police cantonale vaudoise avait affirmé qu’aujourd’hui il prendrait la même décision dans les mêmes circonstances. Le Tribunal correctionnel a rejeté, mercredi, cette version de la défense, soutenue par Me Stefan Disch. Son client a été reconnu coupable de tentative de meurtre et d’abus d’autorité. Il a été condamné à une année de prison. Un sursis de 2 ans lui a été accordé en raison de ses bons états de service et d’une absence de risque de récidive. La culpabilité est jugée non négligeable. Entre autres parce que l’auteur n’a pas exprimé une réelle prise de conscience de la gravité de son acte. Tribunal correctionnel La lecture du jugement par le président Franz Moos a duré une heure trente. Dans son développement, il admet que le gendarme a pu se sentir en danger le matin des faits. Il était à la recherche d’un dangereux fugitif et l’apparition inopinée de ce piéton – qui pourtant ne présentait apparemment aucun signe de menace – pouvait être liée à cet événement. Par ailleurs, l’objet noir que le jeune homme manipulait dans sa poche pouvait, par hypothèse, être confondu avec une arme à feu. Au moment des faits, selon le tribunal, l’agent ne savait pas que l’inconnu était un jeune apprenti qui n’avait rien à se reprocher. Et il a appris plus tard que l’objet était un téléphone portable. Un contrôle pouvait donc être effectué et l’arme pouvait être sortie de son étui. Mais les tirs ont été précipités et totalement disproportionnés, car la menace n’était pas assez concrète. Le condamné savait qu’en tirant il pouvait tuer. Celui qui a manqué de sang-froid aurait dû faire preuve de plus de vigilance avant de presser sur la détente. Tentative de meurtre Après le verdict, la victime avouait sa surprise et sa satisfaction. Son avocat Habib Tabet a salué «le courage de la cour et sa rigueur intellectuelle». Durant les débats, le défenseur et le procureur Eric Mermoud avaient rappelé la question de principe de cette affaire. Les forces de l’ordre existent pour protéger la société. Et non pour mettre en danger la vie d’un citoyen innocent. Le tribunal est allé dans leur sens. Son jugement marque la limite. Un gendarme peut faire feu. Mais il doit s’assurer de la proportionnalité de son geste. «Sans quoi, cela légitimerait tout tir de policier», a conclu Franz Moos. Un appel est toujours possible. Newsletter «Dernières nouvelles» Vous voulez rester au top de l’info? «24 heures» vous propose deux rendez-vous par jour, directement dans votre boîte e-mail. Pour ne rien rater de ce qui se passe dans votre Canton, en Suisse ou dans le monde. Autres newsletters Se connecter Dominique Botti est journaliste à la rubrique vaudoise de 24 Heures, spécialisé dans les enquêtes de terrain, les faits divers et l'actualité judiciaire. Plus d'infos Vous avez trouvé une erreur?Merci de nous la signaler.