C’est une très belle réussite pour le spatial Européen. Ce mardi matin, il vient de faire décoller sa fusée Vega-C, construite par l’entreprise italienne Avio. Deux ans après un échec remarqué, la petite fusée, pensée pour envoyer des satellites en orbite, a finalement remporté son pari. Sous sa coiffe, un satellite européen, nommé Biomass. Bâti par la branche Défense and Space d’Airbus, il doit aider à cartographier la biomasse terrestre, notamment les forêts tropicales encore mal connues par les scientifiques. L’objectif à long terme est de mieux comprendre le cycle du carbone sur notre planète. Lourd de 1200 kg, Biomass va rejoindre une orbite héliosynchrone (qui suit le Soleil) entre 637 et 666 kilomètres d’altitude. Vega-C : une réussite cruciale LIFTOFF of our Biomass mission on a Vega-C rocket from Europe’s Spaceport in French Guiana! pic.twitter.com/ufvuCf10qc — European Space Agency (@esa) April 29, 2025 Si cette mission était très importante pour les scientifiques, avec le lancement d’un satellite de renom, c’était surtout le moment pour Vega-C de confirmer tout son potentiel. La petite fusée, construite pour répondre à SpaceX et aux lancements de satellites fréquents, s’était fait une mauvaise réputation ces dernières années avec trois échecs en peu de temps (2019, 2020 et 2022). Le 28 juin 2023, un essai à feu (au sol) de l’étage Z40 échoue à cause d’une nouvelle anomalie. Si le constructeur assure avoir résolu le problème depuis, la fusée Vega-C souffre aujourd’hui de cette réputation et peine à remporter de nouveaux contrats. La mission Biomass sert donc à lui redonner de l’élan, dans un marché extrêmement disputé. Le spatial Européen très en retard Si le lancement technique a été une réussite ce mardi matin, avec la mise en orbite du satellite comme prévu, le spatial Européen a néanmoins montré ses limites. La retransmission en direct de l’évènement était loin d’atteindre les standards de SpaceX et sur la vidéo en direct, partagée sur la chaîne YouTube de l’ESA, plusieurs internautes se questionnaient sur l’absence de caméras embarquées. Devenues incontournables pour le suivi des missions spatiales, elles étaient les grandes absentes de ce mardi matin. Au-delà de l’aspect technique et de la collecte de données possible grâce à ces caméras, c’est une mauvaise image renvoyée au monde entier. Le spatial Européen se montre ainsi comme une entité bloquée à une époque passée, avec des lancements sans caméras, sur des fusées à usage unique. À l’heure où le monde spatial est en pleine révolution, le vieux continent semble agir comme un réactionnaire refusant les moindres modifications, qu’elles soient bonnes ou mauvaises. La question des débris spatiaux Si cette parenthèse sur la retransmission en direct de l’évènement est maintenant fermée, je me permets d’en ouvrir une autre, beaucoup plus positive, sur la question des débris spatiaux. C’est un fléau qui monte en puissance et les entreprises privées à la recherche du moindre profit, ne semble pas vraiment concerné par le problème. C’est là que l’Europe tire son épingle du jeu. Le lancement de Vega-C est très propre, ne produisant aucun débris. La fusée, construite en trois étages distincts, a été démontée à mesure qu’elle prenait de la hauteur. Si les premiers et deuxièmes étages ont été détruits dans l’atmosphère, le troisième a lui rejoint l’orbite. Il fallait donc le faire revenir sur Terre, pour éviter qu’il ne devienne un débris de plus à ces altitudes déjà saturées. Et c’est exactement ce que l’Europe a fait. Quelques minutes après la libération du satellite sur son orbite, le troisième et dernier étage de Vega-C a rallumé son moteur principal pour amorcer une « descente ». Cette petite poussée a permis de le ralentir, la gravité s’est chargée du reste du travail. En quelques secondes, à cause des frottements de l’air, la fusée s’est totalement détruite, ne laissant pas la moindre trace de son passage. En somme, si l’Europe a beaucoup à apprendre des entreprises spatiales privées, elle arrive encore à donner une bonne leçon à ces petits nouveaux. 📍 Pour ne manquer aucune actualité de Presse-citron, suivez-nous sur Google Actualités et WhatsApp.