Pionnier de la téléphonie mobile, Motorola tente de revenir sur le marché avec des propositions qui sortent souvent des carcans ordinaires. Toutes ne font pas forcément mouche, mais il faut saluer cette prise de risque rafraichissante dans un domaine où suivre les tendances lancées par Apple ou Samsung est devenu la norme. Avec son Edge 60 Fusion, Motorola s’attaque au secteur aussi porteur que compétitif des smartphones à moins de 400 euros. Son principal atout ? Son design, son écran incurvé sur les bords et ses propres fonctions IA. Un savant mélange entre traditions et modernité finalement. Prix et disponibilité du Motorola Edge 60 Fusion Le Motorola Edge 60 Fusion est d’ores et déjà disponible au prix de 399 euros. Il s’habille de trois robes différentes : Slipstream (gris), Amazonite (vert) ou Zephyr (rose). À ce prix, vous disposerez de 8 Go de mémoire vive et 256 Go de stockage. Ce qu’on a aimé du Motorola Edge 60 Fusion Son design atypique en 2025 Nous sommes en 2025 après J.-C.. Tous les smartphones ont adopté un design aux tranches plates insufflé par Apple. Tous ? Non ! Une marque d’irréductibles américains (bien que sous le giron chinois de Lenovo) résiste encore et toujours aux tendances. Traçant son propre chemin, le Motorola Edge 60 Fusion reprend certains traits qui ont su accrocher les regards par le passé pour en faire un ensemble cohérent. Un premier regard en façade rappelle l’époque des Galaxy S20 (et d’autres) avec sa dalle pOLED de 6,67 pouces incurvée de part et d’autre, réduisant d’autant les bordures. En haut de celui-ci, centré, trône un petit poinçon pour laisser paraître l’appareil photo frontal. À l’arrière, l’inspiration renvoie plutôt à l’Oppo Find X5 Pro avec son bloc photo moulé d’une pièce en courbe douce. Enfin, le revêtement en silicone tente d’imiter le cuir plutôt efficacement (bien qu’il a tendance à accrocher la poussière) sans avoir à dépecer d’animal. Rien d’innovant donc, mais un ensemble qui détonne aujourd’hui alors qu’une grande majorité des téléphones arbore des tranches plates et un dos en verre. Cette architecture en plastique et ces finitions donnent au Edge 60 Fusion une impression de finesse appréciable (bien qu’il fasse tout de même 7,95 mm d’épaisseur, ce qui n’a rien d’incroyable), ainsi qu’un poids trop rare aujourd’hui : seulement 178 grammes. Malgré son grand écran, il respire l’élégance et ne pèse rien une fois en main ou dans la poche. Son positionnement de milieu de gamme ne l’empêche pas de miser sur la durabilité. Avec des certifications IP68 et IP69, mais aussi MIL-STD 810H (une norme militaire américaine), il est censé résister à des chutes allant jusqu’à 1,22 m (grâce à son verre Gorilla Glass 7i de Corning sur l’écran), être protégé contre l’immersion (dans une certaine mesure), ainsi que les températures extrêmes (de -20 °C à 60 °C). Bien sûr, on vous déconseille tout de même de mettre ces promesses à l’épreuve pour éviter tout problème qui ne serait pas couvert par la garantie. Bien que ce soit une question de préférence, je dois avouer que j’ai tendance à préférer les tranches plates aujourd’hui, moins glissantes au quotidien, et je trouve le capteur d’empreintes situé un peu trop bas. En dehors de cela, le design est réussi et la prise en main reste confortable. Son écran lumineux et brillant Ne nous attardons pas en prolégomènes : je trouve l’écran du Edge 60 Fusion magnifique. Habitué à des écrans de qualité dans mon quotidien, j’ai tout de même lâché un petit « ho » de surprise en l’allumant pour la première fois. La dalle est certes brillante, mais le contraste est profond, les couleurs vives et accrocheuses, la définition (2717 x 1220 pixels) parfaitement nette et la fluidité est au rendez-vous avec son rafraichissement 120 Hz. Ce dernier est néanmoins limité à deux valeurs : 60 ou 120 Hz. Le mode « couleurs naturelles » viendra apporter de la justesse dans les teintes, au détriment d’un peu de vibrance, au choix de chacun. Motorola annonce une luminosité maximale de 4500 nits, ce qui est tout simplement énorme, mais ne peut s’atteindre que localement et dans des conditions bien définies. À titre de comparaison, le Motorola Edge 50 Fusion était annoncé pour 1600 nits. Quoi qu’il en soit, même en plein soleil, l’écran s’est montré parfaitement éclairé, cachant les reflets liés à son revêtement luisant. Son interface logicielle sobre et efficace Depuis les premiers Moto G, Motorola a toujours souhaité coller au plus près de la vision de Google d’Android en y ajoutant sa petite touche personnelle, mais sans doublon. Près de 15 ans plus tard, la formule a évolué, sans s’éloigner de ses valeurs premières. Hello UI, puisque c’est son petit nom, se montre toujours efficace. Tout y est clair, bien présenté, sobre, et avec juste ce qu’il faut d’explications pour tenir la main aux nouveaux utilisateurs sans faire souffler les personnes qui seraient déjà en terrain connu. Les raccourcis gestuels sont toujours de la partie avec certains propres à Android (retourner pour activer le mode Ne pas déranger par exemple), quand d’autres sont plus originaux. On peut par exemple lancer l’appareil photo n’importe quand en deux torsions de poignet, activer la lampe torche en donnant deux coups verticaux ou diviser l’écran en traçant une ligne en son centre. Dès lors que l’on a compris leur fonctionnement, on ne peut plus s’en passer, d’autant qu’ils répondent bien, sans faux positif et sans avoir à les répéter plusieurs fois pour les déclencher. Motorola pousse aussi la personnalisation. Thèmes, couleurs, forme des icônes, police d’écriture, taille du texte, taille de la grille de l’écran d’accueil, animation du capteur d’empreintes… Tout n’y est pas, mais on retrouve bien les éléments principaux permettant de modeler notre téléphone à notre image. Mieux encore, et c’est assez rare pour être mentionné, Hello UI laisse le choix entre le centre de contrôle « classique » d’Android, comme sur les Pixel (Google), ou le style « moderne », plus proche d’iOS et de MIUI (Xiaomi). Côté IA, l’Edge 60 Fusion intègre toutes les fonctions de Google. Que ce soit Gemini au sein du système ou les changements visuels sur des images via Google Photos, tout y est. Si au lieu de maintenir le bouton d’alimentation, vous double-cliquez dessus, c’est Moto AI qui se mettra à votre service. Malheureusement, si l’assistant comprend le français, il répond uniquement dans la langue de Taylor Swift. De fait, il s’en trouve limité pour les personnes qui ont des difficultés avec l’anglais. C’est dommage, parce que la fonction “Débriefe-moi”, qui résume rapidement l’ensemble des notifications, est très bien pensée. Son autonomie et sa recharge rapide Avec une batterie de 5200 mAh, dans la moyenne des smartphones de sa taille, le 60 Fusion pourrait rester dans les standards du marché, mais ce serait sans compter l’excellente optimisation de sa puce MediaTek qui lui prodigue une très bonne autonomie. Que ce soit lors d’un usage quotidien (navigation web, messageries, réseaux sociaux…), en lecture multimédia ou en jeu, le milieu de gamme de Motorola résiste très bien à la décharge. Pour tout dire, j’ai même dû ruser et lancer des benchmarks avec la torche allumée pour vider la batterie afin de réaliser mes tests de recharge. C’est généralement un excellent signe. Signe qui s’est confirmé puisque même durant mes sessions de benchmarks et de jeu, je n’ai jamais fini la journée à moins de 25 % d’autonomie. Sans passer en mode avion la nuit, vous aurez tout de même du mal à atteindre les deux jours d’autonomie, mais comptez une journée et demie sans le moindre souci. Pour ce qui est de la recharge, il faut tirer un trait sur la recharge sans fil, au profit d’une recharge filaire rapide de 68 W. Malheureusement, le chargeur n’est pas livré dans la boîte, mais le support de la norme Power Delivery permet de se fournir ailleurs. Motorola annonce jusqu’à 12 heures d’autonomie en seulement 8 minutes de charge, ce qui nécessite d’activer le boost de charge auparavant (une option qui recharge plus rapidement au détriment de la durée de vie de la batterie). En réalité, avec un chargeur Power Delivery 120 W et sans boost de charge, il m’a fallu 30 minutes pour recharger 55 %, et quasi une heure pour remplir à fond l’accumulateur. C’est bien sans être exceptionnel. Ce qui reste à perfectionner sur le Motorola Edge 60 Fusion Ses performances Adieu la puce Qualcomm Snapdragon 7 Gen 3 du 50 Fusion, son successeur passe chez MediaTek. Équipé d’une puce Dimensity 7300 et de 8 Go de RAM (LPDDR4X), l’Edge 60 Fusion est, il faut bien l’avouer, un peu faiblard par rapport à sa concurrence. Cette puce se retrouve notamment sur le Xiaomi Redmi Note 14 Pro ou encore le Poco X7, des téléphones disponibles sous la barre des 300 euros, soit un quart du prix en moins. Si vous êtes du genre à jouer à des jeux en 3D avec tous les potards au max et à attendre une fluidité à 120 IPS, le Motorola Edge 60 Fusion n’est pas pour vous. Si ce n’est pas le cas en revanche, vous aurez un téléphone correct, capable de jouer occasionnellement dans des conditions acceptables. Vous ne profiterez pas de l’image la plus fine au monde, ni d’une fluidité extraordinaire, mais j’ai pu passer une bonne heure sur Genshin Impact sans trop ressentir le manque de puissance. La bonne nouvelle est qu’il tient bien sur les sessions longues et, même dans ces conditions, il ne chauffe pas. Notons que l’appareil active par défaut l’extension de RAM. Cette option peut utiliser jusqu’à 16 Go de stockage comme mémoire vive pour améliorer les performances du téléphone. Une béquille qui risque de devenir essentielle à l’avenir avec l’arrivée des assistants IA. Heureusement que le stockage par défaut est de 256 Go ! Précisons qu’au quotidien, son interface est dépourvue de lags, à l’exception de son appareil photo, qui rencontre quelques difficultés par moment. Son support logiciel limité Malgré sa belle interface, le Motorola Edge 60 Fusion présente une ombre au tableau : son suivi logiciel. Tournant actuellement sous Android 15, il recevra trois mises à jour majeures et quatre ans de mises à niveau de sécurité. C’est juste, trop juste. En 2025, nous sommes en mesure d’exiger un support logiciel durable sur nos smartphones, quitte à ce qu’il ne soit que partiel (certaines fonctionnalités s’accompagnant souvent de besoins matériels). Quatre à cinq ans, c’est le minimum ! Sa qualité photo Au dos, le Motorola Edge 60 Fusion arbore trois objectifs. On pourrait imaginer qu’il s’agit d’un grand-angle, d’un ultra grand-angle et d’un téléobjectif, les trois focales proposées dans l’application, mais que nenni ! En réalité, le zoom est logiciel et la troisième optique sert uniquement à apporter plus d’informations aux deux premières, afin de mieux exposer les clichés. Selon les conditions, le résultat est souvent correct, jamais incroyable, parfois mauvais. De jour, le capteur principal de 50 Mpx stabilisé (Sony Lytia 700C) peut faire illusion si l’on regarde rapidement la photo sur l’écran du téléphone, mais on remarque aisément les défauts en s’arrêtant quelques secondes sur les détails. Outre la légère déformation ou le grain dans les angles, usuel dans cette gamme de prix, l’image manque de finesse et, en grossissant les détails, on tombe rapidement sur des lignes floues et des pixels qui bavent. Pire encore, un recadrage à 100 % (sans zoom excessif donc) permet d’observer un liseré vert entourant certains endroits, comme ici, sur le haut de la mairie. Le HDR peine aussi à vraiment faire ressortir les détails aux extrémités du spectre, sur les lumières vives et les ombres, ce qui génère un contraste trop élevé. Le rendu est d’ailleurs très numérique avec une clarté poussée à l’excès, notamment lorsque l’on zoome. Sous lumière artificielle, les teintes sont aléatoires, signe que le troisième capteur ne répond pas aux exigences lorsqu’il s’agit de réaliser une balance des blancs. Enfin, le moindre micro mouvement de nuit a tendance à entacher la mise au point. Un chapelet de fleurs ondulant doucement sous la brise printanière peut facilement perdre de sa poésie. L’ultra grand-angle quant à lui manque franchement de netteté, de jour comme de nuit, en plus de souffrir des mêmes défauts que son voisin. Quant au mode portrait, il applique un flou progressif aux délimitations loin d’être nettes, affublant parfois le sujet d’un air éthéré digne des effets spéciaux sur Galadriel dans Le Seigneur des Anneaux de Peter Jackson. Maintenant, soyons honnêtes : autour de 400 euros, les smartphones capables de faire mieux ne sont pas très nombreux non plus. De tête, sans même y réfléchir, je peux tout de même en citer au moins trois : le Pixel 8a, le Galaxy A56 et le Nothing Phone 3a. Notre avis sur le Motorola Edge 60 Fusion Sur le papier, de nombreux arguments pourraient me faire dire que le Motorola Edge 60 Fusion n’est pas vraiment une bonne affaire. Que ce soit au niveau de la puissance ou des photos, il y a toujours un concurrent qui fait mieux. Et pourtant… Malgré ses limitations techniques, il ne tombe jamais dans le catastrophique et arrive toujours à s’en sortir honorablement. Au final, l’expérience est plutôt agréable et la partie logicielle comme l’autonomie apportent un confort appréciable au quotidien. Il reste toutefois difficile de boxer dans cette catégorie qui regorge d’excellents smartphones, proposant par ailleurs un support logiciel plus long. La balle est dans ton camp Motorola. 📍 Pour ne manquer aucune actualité de Presse-citron, suivez-nous sur Google Actualités et WhatsApp.